Garibaldi2 27 mai 2020 10:18

Il n’est pas toujours bon d’avoir raison trop tôt :

« Toutes ces expériences aboutissent aux mêmes résultats : la présence de bactéries dans un milieu où l’on cultive des moisissures est pour ces dernières une cause de destruction rapide, quand bien même ces moisissures auraient eu le temps de s’accoutumer au milieu nutritif avant l’apport des microbes. (...). En résumé, la lutte pour la vie entre les moisissures et les bactéries semble tourner au profit de ces dernières. (...). Dans toutes les expériences qui précèdent, ce que nous constatons, c’est le résultat brutal de la lutte ; les moisissures disparaissent ; mais rien ne dit qu’avant de périr elles n’aient porté une atteinte quelconque à la virulence des microbes et peut-être à leurs propriétés pathogènes. Dans le but de voir si en effet il en résultait une diminution dans la virulence des microbes, nous avons inoculé à des cobayes des cultures de microbes pathogènes, simultanément avec des cultures de moisissures. (...) D’où peut venir cette concurrence vitale entre les champignons et les bactéries ? Est-ce que les produits toxiques fabriqués par les microbes sont un poison pour les moisissures ou bien les conditions d’existence pour ces deux espèces végétales, si semblables sur bien des points, diffèrent-elles en d’autres points que, selon les cas, telle ou telle espèce l’emportera ? (...) L’antagonisme existe d’une façon très nette entre les moisissures et les microbes ; la victoire appartient le plus souvent aux bactéries, non parce que ces dernières sont favorisées par leurs toxines, mais parce qu’elles ont une activité vitale, végétative et reproductrice, beaucoup plus grande que les moisissures et qu’elles s’approprient très rapidement les substances nutritives au détriment des moisissures. (...) Enfin, de même que dans ces derniers temps on a publié des faits très intéressants d’association microbienne, il y aurait peut-être lieu de rechercher s’il n’existe pas de pareilles associations entre les moisissures et de celles-ci avec les bactéries pouvant intéresser soit le médecin, soit l’hygiéniste. (...) Il semble, d’autre part, résulter de quelques-unes de nos expériences, malheureusement trop peu nombreuses et qu’il importera de répéter à nouveau et de contrôler, que certaines moisissures (Penicillum glaucum), inoculées à un animal en même temps que des cultures très virulentes de quelques microbes pathogènes (B.coli et B.thyphosus d’Eberth), sont capables d’atténuer dans de très notables proportions la virulence de ces cultures bactériennes (...) On peut donc espérer qu’en poursuivant l’étude des faits de concurrence biologique entre moisissures et microbes, étude seulement ébauchée par nous et à laquelle nous n’avons d’autre prétention que d’avoir apporté ici une très modeste contribution, on arrivera, peut-être, à la découverte d’autres faits directement utiles et applicables à l’hygiène prophylactique et à la thérapeutique. »

Extrait de la thèse de Ernest Duchesne qui a découvert la pénicilline 32 ans avant Alexander Fleming !


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