micnet micnet 19 mai 2020 23:13

@Gollum&Yoananda2

Concernant des textes ou des citations de N critiques sur Jésus, si vous en avez de précises, ça m’intéresse.

En attendant, voilà par exemple ce qu’écrit N dans l’antéchrist à propos de Jésus :

"Le sort de l’Évangile se décida au moment de la mort, il était supendu à la « croix ». Ce fut la mort, cette mort inattendue et ignominieuse, la croix qui généralement était réservée à la canaille[14], cet épouvantable paradoxe seul amena les disciples devant le véritable problème : « Qui était-ce ? qu’était cela ? » On ne comprend que trop bien le sentiment ému et offensé jusqu’au fond de l’être, l’appréhension qu’une pareille mort puisse être la réfutation de leur cause, le terrible point d’interrogation : « Pour­quoi en est-il ainsi ? » Là tout devait être nécessaire, avoir un sens, une raison, une raison supérieure ; l’amour d’un disciple ne connaît pas le hasard. Ce n’est que maintenant que s’ouvrit l’abîme : « Qui est-ce qui l’a tué ? qui était son ennemi naturel ? » Cette question surgit comme un éclair. Réponse : Le judaïsme régnant, sa classe dirigeante. Depuis lors on se trouva en révolte contre l’ordre, on interpréta postérieurement Jésus comme un révolté contre l’ordre établi. Jusqu’ici ce trait guerrier et négatif man­quait à son image ; plus encore, il en était la négation. Il est évident que la petite communauté n’a pas compris l’essentiel, l’exemple donné de cette façon de mourir, la liberté, la supériorité sur toute idée de ressentiment : cela prouve combien peu elle le comprenait ! Par sa mort Jésus ne pouvait rien vouloir d’autre, en soi, que de donner la preuve la plus éclatante de sa doctrine… Mais ses disciples étaient loin de pardonner cette mort, ce qui eût été évangélique au plus haut degré ; ou même de s’offrir à une pareille mort en une douce et sereine tranquillité d’âme. C’est le sentiment le moins évangélique, la vengeance, qui reprit le dessus. Il était impossible que cette cause fût jugée par cette mort ; on avait besoin de « récompense », de « jugement » (et pourtant qu’est-ce qui peut être plus contraire à l’Évangile que la « récompense », la « punition », le « jugement ! ») L’attente popu­laire d’un messie revint encore une fois au premier plan ; un moment histo­rique fut considéré : le « royaume de Dieu » descend sur la terre pour juger ses ennemis. Mais c’est là la cause même du malentendu : le « royaume de Dieu » comme acte final, comme promesse ! L’Évangile avait précisément été l’existence, l’accomplissement, la réalité de ce « royaume ». Une telle mort, ce fut là le « royaume de Dieu ». Maintenant on inscrivit dans le type du maître tout ce mépris et cette amertume contre les phari­siens et les théologiens, et par là on fit de lui un pharisien et un théolo­gien ! D’autre part, la vénération sauvage de ces âmes dévoyées ne sup­porta plus le droit de chacun à être enfant de Dieu, ce droit que Jésus avait enseigné : leur vengeance était d’élever Jésus d’une façon détournée, de le détacher d’eux-mêmes, tout comme autrefois les juifs, par haine de leurs ennemis, s’étaient séparé de leur Dieu pour l’élever dans les hauteurs. Le Dieu unique, le Fils unique : tous les deux étaient des productions du ressentiment !"


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