maQiavel maQiavel 13 avril 2020 16:25

@azyx

Juste deux remarques :

1) « Peut-être à la place de Républicain devrai-je dire constitutionnaliste ? »

------> Vous pouvez simplement dire « républicaniste ». Il existe en effet une conception particulière de la cité que l’on décrit comme le « républicanisme » et que l’on fait remonter à l’antiquité avec Aristote, Polybe, Cicéron et qui se poursuit à l’époque moderne avec Machiavel, Bodin, Rousseau pour ne citer que les plus connus. Il y’a eu des travaux très intéressants sur le républicanisme, notamment l’école de  Cambridge avec « Le moment machiavélien  » ou encore le dernier livre écrit par Jacques de Saint Victor et Thomas Brantome « Histoire de la république en France » qui inscrit le républicanisme dans le contexte français là où les anglosaxons avaient paradoxalement tendance à exclure la France de cette tradition républicaniste.

Evidemment, cette tradition républicaniste n’est pas homogène, on peut différentier plusieurs idéaux types parfois très divergents mais on retrouve à chaque fois les mêmes prémisses et postulats de départ qui constituent le socle du républicanisme. Pour ma part, je me considère bien plus républicaniste que socialiste ou libéral (le républicanisme contient d’ailleurs les deux mais à des degrés divers et variables selon les tendances). Lorsque je lis votre premier post de ce fil et notamment vos références à un Etat fort et aux services publics, j’aurai tendance à vous qualifier de républicaniste à sensibilité jacobine.

2) « Pour construire une nation, il faut partager des valeurs, la couleur de cheveux importe assez peu ».

------> Il existe en gros trois conceptions de la nation : la nation État, la nation-race ( ou la nation-ethnie si on a pas envie de faire polémique ), et la nation peuple.

La première conception fait de l’État et de ceux qui l’incarnent les vecteurs principaux de la continuité nationale, elle est très présente en France pour des raisons historiques évidentes (concrètement la France a été construite par la royauté ). La seconde fait de la filiation biologique (et du donc du droit du sang) le socle de la continuité nationale qui établit une barrière simple entre le national et l’étranger, entre « eux » et « nous ». La troisième met l’esprit de la nation dans la mise en commun politique de ceux qui la composent.

La première conception peut très bien cohabiter avec les deux autres. Par contre, entre la deuxième et la troisième, il existe une muraille infranchissable ( même si à la marge, certains originaux cherchent à les faire cohabiter) qui donne l’impression que la position adverse est complètement absurde. Rien que la notion de « peuple » est perçue très différemment dans ces conceptions : dans la troisième, le peuple est une construction sociale historique alors que pour la seconde, le peuple est un fait naturel observable directement ( du fait de caractéristiques phénotypiques) ou indirectement ( du fait de caractéristiques génétiques). Dans le troisième cas, l’appartenance à une identité collective découle d’une volonté collective, de l’adhésion collective à des valeurs communes comme vous dites alors que dans le second cas, cette appartenance ne se discute pas, elle est évidente et préexiste aux conceptions humaines.

Donc, lorsque vous dites qu’il faut partager des valeurs et que la couleur de cheveux importe assez peu, moi je suis d’accord avec vous à titre personnel ceux qui s’inscrivent dans la perspective de la nation ethnie ne seront pas d’accord.

Je précise que cette deuxième remarque n’est pas à amalgamer à la première.


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