Tchakpoum 25 mars 2020 14:54

@Conférençovore

Je fais confiance aux sondages aux approches des élections car les pronostics sont vérifiés par les votes, mais pas tellement en dehors. En bonne gestion sociale, il est facile de deviner les moments où on peut donner les coups de pouces opportuns, avec les vivats des médias, pour rajouter des points de popularité.

Je viens de vérifier les âges et CSP de l’électorat : il confirme celui des présidentielles : les vieux et puis les riches.
https://fr.statista.com/statistiques/1011726/inscrits-sur-listes-vote-campagne-electorale-elections-europeennes-france-age/
Pendant la présidentielle, Macron avait piqué les voix de la même structure électorale à Fillon, qui s’était pris ses vestes. Et il l’avait garni en rassemblant les bourgeois cool et hard, pour reprendre Bégaudeau.

Maintenant, il faudra voir ce que cela donne aux prochaines élections. Les vieux étaient de sortie au début des GJ avant de se faire chasser des manifs par les FDO. La réforme des retraites ne les concerne pas en premier lieu, mais installe le sentiment rongeur de l’intranquillité. Enfin il y a cette épidémie qui attaque les vieux en priorité que la politique sanitaire préfère accompagner, plutôt que contrer ( ce sont les Ehpad les plus vulnérables et il y aura peut-plus de morts que les officiels des hôpitaux). Ça commence à faire beaucoup. Il y aura-t-il une séparation électorale entre vieux riches et pas riches pour Macron en 2022 ?

La particularité française est que le président fusionne autorité et pouvoir. Le régime est le plus présidentiel d’Europe et du monde atlantique. Et l’absence du père n’est toujours pas passé, depuis la fin du roi : plus question de refaire une monarchie, mais la France n’a pas trouvé de substitut pour incarner le pays.

Le Royaume Uni, c’est facile : la monarque n’a plus aucun pouvoir, elle incarne le royaume et l’empire. Il y a quand même 7 monarchies en Europe.
En Allemagne, le président (dont tout le monde ignore son nom, Franck-Walter Steinmeier), incarne l’autorité du garant de la nation, et de sa permanence. Le chancelier est désigné par les Länder et leur doit des comptes, ce qui lui permet de ne pas perdre le Nord. Par exemple, en tant qu’interlocutrice nationale, Merkel est contre Poutine et lui fait embargo, mais avec les réalités que lui impose les Länders, elle lutte contre les vents de l’UE et les marées des US, pour imposer son Gulf Stream II.


En France, les symboles et les réalités, c’est kif kif. Le président est obligé de péter plus haut que son cul pour montrer qu’il incarne l’autorité française. L’état jacobin a déshabillé le pouvoir des élus locaux et éventé leur autorité. Les courtisans, cadors et prébendiers de la république n’ayant pas de compte à rendre localement, ont reconstruit la cour de Versailles. Je me demande s’il existe dans le monde un porte-parole gouvernemental équivalent à Sibeth.
Et les français attendent toujours l’Homme Providentiel, au verbe auguste et aux actions spectaculaires.

"La République, c’est moi", de Mélenchon qui avait de quoi être en colère contre l’opération politique qu’il subissait, a dévoilé la pathologie latente des élus français et son électorat acquis durant la présidentielle s’est vaporisé : sa prétention à incarner une autorité qui ne lui est pas due a été condamnée sans recours.


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