yoananda2 23 février 2020 18:25

@Daruma
je suis étonné de voir que tu as lu mon long post, et surpris que tu l’ais compris (parce que j’ai beaucoup de mal à expliquer tout ça), et que tu en ai vu certaines limites.
Alors, en un mot : OUI.
Tout ce que tu dis est très pertinent.
Oui, l’exposé que j’ai fait pourrait servir à justifier le fascisme. D’ailleurs, ce n’est pas étonnant puisque le point de départ de cette discussion était le fait que maQ définissait en gros l’intérêt général comme l’agrégation des préférences politiques subjectives de chacun, et que moi en disant qu’on pouvait y opposer la notion de "survie collective" qui serait objective (dans "mon" paradigme uniquement car dans le sien ce n’est qu’une subjectivité comme une autre) ce faisant j’ouvre la porte à ce qu’un groupe décrète qu’il est dans l’intérêt de tous de faire ceci et cela, même si la majorité est contre. Ca fait partie d’un des mécanisme récurrent dans le fascisme.
Oui c’est vrai. Même si ce n’est pas mon intention à la base.
Et donc, oui, la question sous-jacente est bien celle du "libre-arbitre" de manière indirecte.
Si tu poses comme axiomatique de ta théorie politique le libre-arbitre tu ne peux pas aboutir au fascisme. Et inversement.
Mais alors suis-fasciste ? oui et non. Si j’estime que le contexte l’exige pour la survie du groupe, alors, oui, si le contexte est différent, alors non. C’est tout. Ca ne veut pas dire que je serais content sous un régime fasciste hein smiley d’ailleurs, je ne suis absolument pas content sous le régime républicain, donc ...

Maintenant sur la question du libre arbitre.
Attention au vocabulaire. Le libre arbitre, je fais référence à la notion augustinienne. Pas à autre chose. J’ai parlé de "monade" à un moment. La monade, c’est l’étincelle de conscience qui m’est personnelle. Tu me suis jusque la ? donc si je critique le libre arbitre, c’est à dire qu’on serait "libre dans l’absolu grâce à l’usage de la raison" c’est parce que c’est totalement faux. La raison humaine d’abord est soumise à trop de biais pour ça (cf la psychologie cognitive). Ensuite, tout exercice de la raison se fait dans un cadre, et ce cadre, il est arbitraire, ou au mieux empirique. Mais s’il n’y a pas de libre arbitre, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de liberté, ou de choix. Ce ne sont pas les même notions.
Si je reprends le pédophile (évoqué dans un autre post) : ce n’est pas suite à une longue réflexion rationnelle qu’il aurait choisi de devenir un prédateur de gosse "par erreur", et il ne peut pas changer ses attirances sexuelles. Ce n’est pas par libre-arbitre. Donc le punir parce qu’il aurait fait le "mal" (dans la théorie augustinienne) n’a pas de sens selon moi. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut le laisser faire du coup. Non, c’est tout l’inverse. Je suis en train de dire : le vrai problème c’est comment protéger les gosses et non pas comment punir tel gus qui est déjà puni d’avoir cette tare et de devoir vivre avec.
Tu parles de la méditation et du sentiment d’unité qu’on peut ressentir. Oui, je médite depuis de longues années et oui, j’ai eu des expériences de ce type. Mais non, je n’ai pas le "choix". J’ai besoin de méditer. Je ne choisis pas ce que je vais expérimenter pendant ma méditation, et si je ressens l’unité, je n’ai pas le choix que d’aimer ça.
J’ai longuement discuté avec un ami du libre arbitre et j’ai pris l’exemple de la bouffe. Je DOIS manger. Je n’ai pas le choix je dois manger. Je peux choisir ce que je vais manger. Je peux conscientiser ce que je vais manger, et tout le processus de digestion. Ce faisant, je peux conscientiser plusieurs déterminismes et agir dessus. Mais, pour ma part, je n’ai pas d’usage du libre arbitre dans tout ça, c’est ma manière d’être. Et quand je conscientise un truc, je ne décide pas, ça s’impose à moi tout d’un coup, et si je comprends par exemple que tel aliment me rends malade, je n’ai pas de "libre arbitre", je peux juste choisir de supporter les conséquences ou de ne plus le manger, mais je n’ai pas le choix de le manger quand même sans en avoir les conséquences.
Ce que je dis, simplement, c’est que le paradigme "âme" "libre-abitre", et tout ce qui va avec (le salut, le péché, le bien le mal, parce que le libre arbitre a été inventé dans le cadre de la théologie du péché, issue du mythe de la genèse : je dis que c’est un mythe parce que la science à démontré que c’en était un) n’existe pas. Ce ne sont que des constructions mentales pour expliquer la réalité. Constructions d’un autre temps, aujourd’hui on a d’autres outils.

Donc oui j’aboutis à ce que l’individu n’existe plus. Mais ça ne veut pas dire que rien n’existe. La personne existe. La lignée existe. Le choix existe. L’oppression existe, et donc le sentiment de liberté. Mais l’individu rationnel conscient, non, ça n’existe pas. C’est ce que je défends. Enfin, si, la personne est constituée de plusieurs individus, si on considère que l’individu est le plus petit élément d’un réseau. Et nous appartenons à tout un tas de réseaux (le réseau familial, le réseau politique, le réseau professionnel, etc...). Chacun de ces "individus" bataille en nous pour exister, au sein de notre "personne", et l’ego sert à donner une illusion de cohérence dans tout ce binz. Illusion car notre mémoire et notre caractère change selon les circonstances (mais la faudrait que j’entre plus loin dans la psychologie cognitive et surtout le fonctionnement de la mémoire, du moins comment je l’ai compris).

Ceci dit, merci pour ton post.


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