Daruma 23 février 2020 17:36

@yoananda2
Au sujet de ton long post en deux parties.

Très intéressante ta vision des choses. Certaines de tes idées me semblent pertinentes et j’ai tendance à y adhérer, notamment la notion d’égrégore, l’importance accordée à l’information et à l’idée que l’humain est un récepteur, ainsi que la notion de non-séparation (notion de séparation illusoire). Mais j’aboutis à des conclusions opposées. Ce qui me chiffonne dans ton paradigme, c’est qu’il est parfait pour justifier le fascisme. Ce n’est pas une accusation, on fait ce qu’on peut, toi comme moi, pour comprendre, et c’est déjà énorme. C’est juste que je me demande si tu t’en rends compte ou pas.

Ce que je te « reproche » c’est d’être séduit par les connaissances que tu as acquises et que tu assembles en un tout cohérent pour en constituer un paradigme. L’impression qu’on en retire c’est que tu avais une thèse qui s’est formée petit à petit au cours de tes lectures et que le processus d’acquisition des connaissances s’est transformé en recherche de confirmation de l’hypothèse de départ (le fameux biais de confirmation). C’est flagrant, notamment, quand tu expédies la Genèse en décrétant que c’est un mythe. Genre « Bon, ça c’est fait. » Ce n’est pas une mauvaise chose en soi (il y a aussi des confirmations valides), sauf que ça a tendance, si on n’y prend pas garde, à réduire notre champ de perception intellectuel, concrètement à éviter ou à ne pas voir des explications alternatives.

La cohérence ne suffit pas : tu peux construire une théorie parfaitement cohérente mais fausse. Un peu comme une géométrie non-euclidienne : aussi cohérente soit-elle sur le papier, cela ne nous dit rien de sa pertinence en tant que modèle s’appliquant à la réalité. Une somme d’idées justes ne fait pas un tout qui est juste.

Le point de divergence entre nous c’est ton hyper-déterminisme. Pour faire court, tout ce que tu dis au sujet de nos déterminations est vrai, mais cela ne s’applique qu’à l’ego. L’originalité de ta démarche, c’est que tu mélanges des éléments matérialistes (les gènes), scientifiques et mathématiques (les fractales) avec des éléments pour le moment considérés comme spiritualistes, comme la notion de pensée indépendante de la matière et donc du cerveau. De ce mariage bizarre entre matérialisme et platonisme, tu es heureux d’en déduire l’absence d’individualité, et donc l’absence de conscience individuelle, et donc l’absence de libre arbitre. L’humanité se réduit à un ensemble d’égrégores en concurrence sur le marché des pensées et des désirs, et chaque être humain n’est que le jouet des forces qui le traversent.

As-tu déjà pratiqué la méditation ? Dans l’état méditatif, les déterminations ne sont pas supprimées, elles cessent de nous déterminer. L’individu comprend que la notion de séparation est illusoire, mais l’individualité n’est pas pour autant abolie. Tous les mystiques ont recherché l’unité avec un principe supérieur, qu’ils sentent au fond d’eux-mêmes et auquel ils veulent se relier. C’est dans ce choix de l’unité avec le principe divin qui gouverne l’univers, ou dans le choix inverse de l’ignorer et de rester à jouer dans le bac à sable qu’est le monde matériel, que réside notre liberté. Et le libre-arbitre est la possibilité, en théorie possible à tout instant, de suspendre les déterminismes en se connectant à la Source.

L’homme est une créature qui fait le détour par l’individualité et par la séparation pour expérimenter l’unité qui ignore ce qu’elle est tant qu’elle n’a pas expérimenté son contraire, de même que le poisson ne sait pas ce qu’est l’eau tant qu’il n’en est pas sorti.


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