maQiavel maQiavel 22 février 2020 09:54

@yoananda2

« Que penses tu de cette définition ? »

------> Pour que tu me comprennes bien, avant de répondre, je précise que j’ai un problème avec les raisonnements trop essentialisant qui font des idéologies des entités qui existent indépendamment des individus car je constate qu’ils sont très souvent aveugles aux situations telles qu’elles se manifestent dans les pratiques sociales, je trouve qu’il y’a là quelque chose qui relève de la réification et même de la pensée magique. Peut-être que c’est la bonne approche et qu’il y’a réellement quelque chose de magique dans tout ça, mais peut-être pas, je n’en sais rien et c’est justement là le problème, je ne peux rien en dire, il faut juste y croire ou en avoir l’intuition, et précisément moi je n’ai pas cette intuition et je suis justement agnostique vis-à-vis de cette magie, rien de concret ne m’incite à y croire.

Dans l’analyse du fait idéologique, je préfère une approche plus pragmatique (même s’ il est impossible dans l’absolu de parler de façon non idéologique des idéologies) qui consiste, non pas à présupposer que ces idéologies existent en elles-mêmes mais à partir de l’examen empirique et factuel des prétentions ( donc l’étude des textes et des discours), des intentions ( le décryptage des stratégies et tactiques) et des manifestations sociales ( donc l’étude des pratiques et de leurs effets attendus ou non sur la société) des individus qui se réclament d’une idéologie et prétendent agir en son nom, pour en induire une définition. Et le hic, c’est qu’on constate de cette manière que, non seulement ce qu’on tire de la triade « Prétentions -Intentions-Manifestations » ne se superpose pas mais qu’en plus les individus en question ont eux-mêmes des conceptions différentes et parfois antagonistes de l’idéologie dont ils se réclament. C’est pourquoi, je rejette aussi le monisme idéologique qui consiste à faire des idéologies des entités uniques et figées éternellement car ce n’est pas ce que j’observe, je constate que ces idéologies prennent des formes différentes suivant les contextes. A partir de cette diversité de conception, si on veut rester pragmatique, il ne s’agit pas se lancer dans une démarche normative qui consiste à déterminer une liste de ce que seraient les carractéristiques essentielles d’une idéologie et de rejeter en dehors tout ce qui n’y correspond pas, il s’agit plutôt d’avoir une démarche analytico-descriptive en produisant sur une base probabiliste une liste des caractéristiques qui sont le plus fréquemment respecté par les acteurs se revendiquant d’une idéologie.

De là, pour te répondre, oui, le critère que tu as donné, càd faire passer le collectif avant l’individu, on le retrouve très fréquemment et avec beaucoup d’intensité dans les prétentions des idéologues fascistes. Seulement, cela ne suffit pas à définir le fascisme puisque cette prétention, on la retrouve aussi dans d’autres courants idéologiques avec au moins autant d’intensité.

En tous cas, la caractéristique que l’on rejette généralement dans le fascisme, c’est le racisme ( qui est aussi très présent dans les mouvements fascistes, y compris dans le fascisme italien contrairement à ce que beaucoup pensent) s’articulant sur le mythe ( dans le sens anthropologique du terme, c’est-à-dire les croyances générales qui impriment une orientation aux idées ) d’une communauté nationale mutilée, menacée, submergée voire colonisée par des populations qui seraient étrangères à son essence profonde et qui pousse le fantasme de l’homogénéité idéologique et de la supériorité raciale jusqu’à ses conséquences les plus criminelles ( épurations internes et expansions externes).


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