Joe Chip Joe Chip 31 janvier 2020 13:23

@maQiavel

Tu caricatures encore une fois les réactions à cette histoire pour dénoncer un "symptôme" qui n’existe pas ou qui correspond à ta propre exagération ou interprétation des faits. Je n’ai pas l’impression en ce qui me concerne d’avoir cédé à un quelconque "catastrophisme" ou d’avoir participé à la mise en place d’une "chape de plomb totalitaire"’. Va raconter cela à la famille de cette gamine qui se terre désormais sous protection policière et qu’aucun lycée ne veut prendre le risque de scolariser.

Tu insistes à juste titre pour défendre les principes et adhérer strictement au légalisme quand il s’agit de défendre les musulmans ou les femmes voilées face à la violation de leurs droits individuels, et je suis d’accord avec toi, sans aucune ambiguïté sur cette question. Les lois sont les mêmes pour tout le monde. Les propos de la ministre de la justice Beloubet étaient scandaleux puisqu’ils revenaient à remettre en question la liberté d’expression et le droit au blasphème (je suppose que tu as fait une erreur de formulation en parlant de "retour au droit au blasphème") et à assimiler la critique de la religion à une atteinte à la liberté de conscience, c’est à dire à confondre deux principes bien distincts en droit, comme l’ont rappelé tous les juristes qui ont "osé" s’exprimer publiquement sur cette affaire. Cela commençait à faire beaucoup pour une adolescente menacée de mort et objet d’une enquête du parquet  donc à priori sous le contrôle de la ministre de la justice pour "incitation à la haine raciale". 

Le résultat de cette "enquête" était évidemment prévisible puisqu’il n’y avait aucun élément ou fait pour objectiver la "haine raciale", absurdité épinglée là encore par de nombreux juristes. Or, je suis allé lire les messages sous le hashtag #jenesuispasmila et presque tous dénoncent, de manière téléphonée, un déni de justice car évidemment le fait d’avoir posé la formule "haine raciale" pour ces personnes vaut preuve et déjà condamnation (à mort, si besoin). Le lien est désormais établi, l’Islam est une race, et le critiquer, le dénoncer, relève de la qualification de "haine raciale".

La ministre a ensuite plaidé la maladresse, ce qui est inconcevable pour une juriste de son niveau, et de son expérience.

On a le droit de critiquer et d’insulter des cultes organisés, des sectes, des sociétés en France, et tu as le droit de le critiquer à ton tour, mais pas d’assimiler ceux qui défendent ce droit à des "identitaires" ou pire des "pseudo-identiaires" qui ferait du militantisme. Ou alors dis franchement de qui tu parles parce que là ça revient en fait à accuser pratiquement tous ceux qui se sont exprimés en faveur de cette adolescente d’être des "militants identitaires" assumés ou non et des "dogmatiques", ce qui doit être un biais quelconque dans la panoplie rhétorique de notre ami Clément Viktorovitch.

C’est la raison pour laquelle je réagis à ton post, car autrement tu peux penser ce que tu veux de cette histoire. Mais si tu dénonces, ne fais pas comme Robespierre à la tribune de la Convention et dénonce de façon précise smiley

Le droit d’injurier ne veut bien entendu pas dire que c’est moral, justifié, ou nécessaire, mais ce n’est pas le problème. La sécurité d’une gamine passe avant la bigoterie d’une bande d’acharnés qui sont incapables de faire la différence entre la liberté de conscience (qui ressort du droit individuel) et des propos injurieux sur une religion. 

Ou alors, il faut, comme le demandent du reste certains musulmans, changer la loi, interdire le blasphème, ce qui imposerait de définir ce qui est sacré en termes juridiquement applicables. Bon courage. C’est juridiquement intenable. 
 
Il faut quand même être sacrément fébrile pour se sentir collectivement menacés et diffamés par une gamine sur instagram, enfin, ça paraît quand même hallucinant. Le catastrophisme, il est là. Il faut tenir compte de l’âge de cette personne, et je dois dire qu’à 16 ans je tenais des propos bien plus durs et orduriers sur la religion chrétienne, que je ne tiens plus aujourd’hui, sans toutefois regretter le moins du monde d’avoir pensé et dit ce que je disais, publiquement d’ailleurs, à l’époque.

J’avais réalisé une caricature de Jésus Christ suite à un attentat commis durant les JO d’Atlanta par des chrétiens intégristes (je parle de mémoire). Ils avaient utilisé une bombe entourée de clous qui s’étaient dispersés dans la foule en faisant de nombreuses victimes. Donc j’avais dessiné un Jésus descendu de sa croix par cet intégriste avec la vierge Marie qui lui demandait à côté en récupérant les clous : "Et comment on le fait tenir à présent ?"

Evidemment, c’est plus "subtil" (si j’ose dire) mais ça reste malgré tout injurieux du point de vue d’un croyant. Et en tout cas ça ne mériterait pas des menaces de mort ou une enquête pour "haine raciale". L’Islam n’est pas la religion des arabes. 


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