Joe Chip Joe Chip 29 janvier 2020 14:21

Après l’ouverture d’une enquête du Parquet pour "incitation à la haine raciale" (en raison d’une "insulte" relevant du blasphème c’est à dire du droit à la critique de la religion), la ministre Nicole Beloubet a cru bon d’ajouter ce matin au micro d’Europe 1 que les propos de la jeune femme constituait une "atteinte à la liberté de conscience", de mieux en mieux :

« Dans une démocratie une menace de mort est inacceptable, c’est absolument impossible, c’est quelque chose qui vient rompre avec le respect que l’on doit à l’autre. L’insulte à la religion c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave, mais ça n’a pas à voir avec la menace. »

On a là un cas d’école du "et en même temps" et de l’hypocrisie du gouvernement. On feint de réprouver les menaces de mort visant cette jeune femme tout en les rationalisant via un sous-entendu appuyé ("évidemment, c’est grave") et ce alors même que la justice n’a pas établi les faits.

Rappelons que les islamistes développaient la même dialectique faussement ambigüe au moment des attentats de CH, superficiellement condamnés en ajoutant aussitôt derrière qu’il n’y avait pas de fumée sans feu.

C’est scandaleux d’entendre une ministre de la justice s’exprimer ainsi. La liberté de blasphémer est dans les faits suspendus, car qui osera encore critiquer le prophète ou l’Islam en tenant compte d’une part des risques encourus (tant physiques que psychologiques) et de l’attitude ambigüe des autorités ? 

S’il fallait encore à certains des démonstrations de 1) l’américanisation croissante des élites du pays sous la pression d’une idéologie importée des campus américains faisant passer l’identité, notamment religieuse, avant l’appartenance à la communauté politique nationale et 2) de la compromission électoraliste de la macronie prête à tous les renoncements pour avoir le "vote musulman". Je mets entre guillemets car je ne crois pas à l’existence sociologique d’un tel vote, contrairement aux identitaires de gauche qui voient tout à travers le prisme de l’identité raciale et religieuse. Toujours est-il que LREM envoie des gages aux musulmans ou à la frange conservatrice des musulmans, en croyant sans doute ainsi pouvoir éviter la formation de listes communautaristes en banlieue qui ferait basculer beaucoup d’électeurs du côté du RN, adversaire probable et anticipé de Macron dans le cadre du second tour à la présidentielle de 2022. 

Quant à la défense de la liberté des femmes, on voit bien que dès lors que celle-ci ne coïncide plus avec les impératifs prioritaires d’un combat antiraciste dévoyé et instrumentalisé, elle tombe tout en bas de la hiérarchie intersectionnelle et il devient possible d’accabler publiquement une jeune femme, de la soumettre à l’opprobre et à la violence sexiste avec la caution légale des autorités et de la justice du pays.


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