Lucy Lucy 16 décembre 2019 15:46

Le jeune gauchiste républicain nous confirme qu’il n’a fait qu’effleurer le sujet et nous révèle à 22:30 :

« Je vous invite à aller voir le boulot de l’historien Jean-Clément Martin (de gauche of course)… »

Merci, je n’ai pas attendu la fin de ton show mode youtubeur culturel branché qui vient de découvrir la lune pour savoir d’où venait ton inspiration. C’était plié dès la troisième minute. Pour les non spécialistes de la question, c’est un peu comme si un jeune youtubeur venait de découvrir les évènements du 11 septembre et vous invitait à consulter la version officielle pour creuser le sujet. Je passe tous les jours devant la Croix à la mémoire du général Charrette, fusillé à Nantes place Viarme (place des Agriculteurs à l’époque), je lui dirais combien il est facile de nos jours de relayer n’importe quoi en France.

 

Bref, l’autre version des guerres de Vendée est portée (entre autre) par l’historien Reynald Sécher. Je le vois de temps en temps lorsqu’il vient de Rennes pour réapprovisionner les rayons de la librairie avec ses BD historiques. Il a publié 2 ouvrages qui font référence sur la question, La Vendée-Vengé - Le Génocide franco-français (1986) et Vendée, Du Génocide au Mémoricide (2011), sans compter ses différentes conférences en ligne ou sa maison d’édition. Le livre de 1986 avait suscité un branle-bas de combat chez les laïcards républicains, aussi appelés francs-maçons. Le sujet était non seulement toujours tabou en France, mais comble de la provocation, il sortait 3 ans avant les festivités du bicentenaire de la révolution (dite) française. Les proches de Mitterrand en avaient des sueurs froides. Les 2 hommes s’affrontent donc depuis les années 80, JC Martin avait bien sûr le droit de soutenir les assassins de l’époque, c’était son choix, mais il n’avait pas autorité d’ignorer la vérité et de véhiculer ses pseudo-analyses mensongères. J’utilise l’imparfait car il a mis beaucoup d’eau dans son vin depuis l’exhumation et la publication de documents officiels de l’époque. Comme tous les sujets restés tabous, cela fait souvent mal au popo lorsqu’on déterre les cadavres de l’histoire que l’on voulait cachée. Je me souviens par exemple avoir longtemps gardé en mémoire une image peu reluisante des Chouans après le collège : des voleurs, des incultes en haillons sachant à peine parler, des manants qui osaient attaquer l’armée française. Merci l’Education nationale. 

 

Grâce aux travaux de recherche effectués ces dernières décennies, il existe à présent un consensus sur l’ampleur des massacres et le nombre de victimes en Vendée, plus de 200.000 personnes sur une population de 800.000. Ce qui devait être une opération de pacification à grande échelle s’est rapidement transformé sous le contrôle du Comité de salut public (Robespierre, Carnot…) en une planification froide de l’extermination des habitants de la Vendée militaire. Outre les moyens classiques de sabrage, pendaison, guillotine, canons, incendies… des méthodes d’extermination innovantes qui seront déployées de façon industrielle au XXe siècle : tanneries de peaux humaines aux Ponts-de-Cé, crémation des villageois dans les fours à pain, camps d’extermination à Noirmoutier, essais de gazage du député-chimiste Fourcroy, bateaux coulés dans la Loire à Nantes (5000 personnes), fabrique de savon à Clisson en récupérant la graisse par carbonisation… 

Si la bataille se résume à présent entre l’utilisation du terme génocide ou populicide, un énorme travail a été réalisé depuis les années 80. Après tout, que JC Martin appelle tout cela comme il l’entend si cela lui fait du bien, mais surtout qu’il nous fiche la paix une bonne fois pour toute, paix dans laquelle reposent nos milliers de victimes de sa « révolution amicale et pacifique ».


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