maQiavel maQiavel 16 octobre 2019 10:24

@basile

Je dirai quant à moi que beaucoup de choses sont imprévisibles mais que tout n’est pas possible non plus, du moins à court et moyen terme. Je ne crois par exemple pas à une invasion de la France par la Belgique les deux prochaines années smiley . Il y’a des scénarios qu’on peut invalider au regard de la situation présente et qui paraissent même absurde, il en est de même sur la question de l’islam.

Pour revenir sur l’argument majorité/minorité :

-J’ai décrit le biais zémmourrien qui consiste, à partir d’une lecture fondamentaliste et essentialiste du fait religieux, à gommer la diversité au sein de la catégorie des Français de confession musulmane pour ne laisser subsister des musulmans « essentiels » assimilé à la grande masse alors qu’ils sont minoritaires.

—Il y’a un autre biais très fréquent, qui part lui aussi d’une lecture fondamentaliste et essentialiste du fait religieux mais il n’aboutit pas comme chez Zemmour à gommer la diversité des musulmans. Les personnes qui ont ce biais analytique tiennent compte de cette diversité et constatent que les islamistes sont minoritaires, seulement, ils expliquent que ce sont les minorités qui font l’histoire, que la masse est toujours mené par des petits groupes actifs et déterminés ( jusque-là, ils ont totalement raison) et que par conséquent, les islamistes sont voués à devenir les élites d’une communauté musulmane unie. Mais losqu’on leur demande d’où vient leur conviction, ils reviennent systématiquement à leur lecture fondamentaliste et essentialiste pour l’expliquer : parce que ces islamistes sont les vrais musulmans, il est pour eux "naturel" qu’ils finissent par prendre les rênes de l’islam. Et bien sûr, leur observation de la société va se faire par le prisme de cette conviction en ne sélectionnant que les faits qui valident leur postulat, en ne tenant pas compte des faits qui l’invalident ou en interprétant des faits anodins comme une confirmation de leur présupposé. C’est ce qu’on appelle la recherche biaisée d’information : le sujet ne recherche que des preuves compatibles avec son postulat de départ.

Moi je veux bien admettre que les islamistes sont entrain de se constituer en élite musulmane mais je n’ai aucun paramètre social qui atteste de cette hypothèse. Par exemple, en général dans les groupes humains, les élites en constitution font partie de groupes sociaux dissidents des classes supérieures qui entrent en rébellion parce qu’ils menacé de déclassement ou alors elles font partie de groupes des classes intermédiaires suffisamment puissantes pour aspirer à intégrer les classes supérieures mais dont l’ascension est bloquée et décident par conséquent d’entrer en dissidence. On ne retrouve quasiment jamais des élites en puissance dans des groupes issus des classes inférieures, il existe peut-être des exceptions ici ou là mais là je n’arriverai même pas à trouver un seul exemple.

Qu’en est
 il du contexte français ? Il existe un groupe de musulmans en France ( en proportion 13 % ) qui sont dans une logique de révolte et de sécession contre la France, qui utilisent l’islam comme un moyen s’affirmer en marge de la société française et qui souhaite substituer la loi civile par la loi religieuse. Seulement, on constate que ces individus sont majoritairement jeunes, peu qualifiés et peu insérés dans l’emploi et vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. En d’autres termes, ils sont au bas du bas des classes inférieures, les musulmans qui appartiennent aux catégories sociales les plus favorisées et qui sont susceptibles de devenir les élites musulmanes du fait de leur capital social n’ont pas cette attitude sécessioniste ( ou alors en très faible proportion).On constate même que les musulmans les mieux insérées sont ceux qui rejettent le plus cette attitude. Ce groupe sécessionniste est en croissance chez les jeunes des catégories populaires et on constate que cela participe d’un phénomène généralisable à l’ensemble des classes populaires de la société car ce mouvement de radicalisation n’est pas spécifique aux jeunes musulmans des milieux populaires ( disons que chez eux c’est plus spectaculaire), il s’observe également chez les jeunes qui se définissent comme chrétiens ou sans religion, mais s’exprime par d’autres opinions et comportements que l’affiliation identitaire à l’islam. On a donc pas affaire à des élites en puissance mais à des gens appartenant à des catégories sociales inférieures en révolte contre l’ordre social existant.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe