maQiavel maQiavel 9 juillet 2019 16:50

@Joe Chip

« D’ailleurs, ce n’est pas le moindre paradoxe des contempteurs du clivage gauche-droite que de continuer à passer leur temps à utiliser ces termes de façon caricaturale et à dénoncer obsessionnelllement des "gauchistes" tout en s’indignant dès lors que l’on traite un type de "droitard". »

 

------> C’est ce que je dis souvent. Si ceux qui prétendent que la gauche et la droite n’existe plus allaient au bout de leur logique , ils ne dénonceraient plus la gauche ou les gauchistes puisque ça ne devrait pas exister. Or , on constate que beaucoup parmi eux continuent de s’attaquer au gauchisme et à le désigner comme la racine de tous les maux. Et bizarrement , ce n’est que lorsqu’on critique la droite ou des droitards que tout d’un coup ils vous tombent dessus pour affirmer que ce clivage n’existe pas smiley . En bref , lorsqu’il s’agit de critiquer les gauchistes là le clivage existe mais lorsqu’il s’agit de critiquer les droitards il n’existe plus smiley . Il n’est pas difficile de comprendre que l’argument de l’inexistence du clivage G /D est parfois ( mais pas toujours ) instrumentalisé idéologiquement par des gens de droite qui se permettent de critiquer la gauche mais qui refusent que leur propre camp soit aussi critiqué …

 

« Par conséquent, dire que la gauche et la droite n’existent plus est plus indicateur de l’humeur ou des désirs de la personne qui émet un tel jugement, que d’une réalité ».

 

------> C’était mon cas il y’a quelques années. Je disais que la gauche et la droite n’existent plus parce que j’ai une approche populiste de la société et que par conséquent , pour moi le clivage légitime se situe entre le peuple et l’oligarchie , entre souverainisme et mondialisme , je pensais que ce clivage devait rendre obsolète tous les autres. Je considérai que la G et la D n’étaient que des étiquettes archaïques manipulées par le cirque médiatico-politicien qui n’avaient pour fonction que d’horizontaliser les luttes et empêcher la jonction populiste que je désirai ( et que je désire toujours par ailleurs ).

Mais avec le temps , je me suis rendu compte qu’il s’agissait plus de mon aspiration politique personnelle que de la réalité concrète , j’ai compris que l’existence du clivage peuple /oligarchie ne rend pas pour autant obsolète le clivage G /D : plusieurs clivages peuvent coexister parallèlement.


«  il ne faut pas surinvestir la sémantique pour résoudre une fausse complexité et alimenter des débats inutiles autour de la définition ou de l’interprétation des mots. Ce qui compte, c’est la réalité (évolutive) à laquelle ces mots renvoient, pas les débats que nous pouvons avoir sur le sens plus ou moins figé des mots ».

------> Sur le plan de la sémantique , en ce qui me concerne je ne fétichise pas les mots , j’ai une approche fonctionnelle du langage , les mots n’ont pas de puissance magique ou d’essence pour moi , ils ne sont que de simples outils de communication que chacun est libre d’appliquer à l’usage qu’il souhaite à condition qu’il s’explique sur le sens qu’il leur donne.

Nous vivons depuis à peu près 500 ans une révolution aussi importante que la révolution néolithique qu’on nomme parfois la « Modernité » et qui a pour caractéristique de transformer les structures sociales en permanence. Cette modernité va faire naitre un clivage entre deux tendances : celle qui est favorable à ces transformations et celle qui leur résiste. La Modernité étant mouvement permanent , le clivage auquel elle a donnée naissance se reconfigure lui aussi en permanence en fonction du contexte , c’est de là que nait la difficulté de donner un contenu clair et net à ses composantes. Cependant , si leurs valeurs antagonistes se réactualisent constamment , on peut retrouver quelques principes antagonistes intemporels au sein de ces tendances.

Dans les circonstances particulières de la révolution française , la première tendance a été appelée « gauche » et la seconde « droite ». En Angleterre , le nom qu’on a donné à ces tendances était « Whig » et « Tory ». Dans d’autres lieux et époques , on retrouve des noms différents pour qualifier le même clivage. Si aujourd’hui on trouvait de nouveaux mots pour qualifier ces tendances , cela ne me dérangerait pas si ce sont bien ces tendances qu’ils désignent.


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