maQiavel maQiavel 4 juin 2019 16:31

@REMY Ronald

Pour commencer , je vous remercie pour vos interventions car même si je suis la plupart du temps radicalement en désaccord avec vous , je trouve que vous apportez du pluralisme sur ce site , il est très rare de trouver ici des personnes se revendiquant européiste et macroniste.

 

Je précise que dans ma réponse à thierry3468 , lorsque j’ai écrit que l’euro est la pierre angulaire , je voulais dire que ce n’était pas la sortie de l’UE qui en soit était problématique mais celle de l’euro qui peut être très dangereuse si elle est menée de la mauvaise façon. Sur votre commentaire , ma réponse sera très superficielle car il est impossible d’aborder un sujet aussi vaste que l’euro en un seul commentaire :

 

-Tous les problèmes économiques ne sont pas liés à l’euro , il y’ a d’autres causes et vous en avez cité quelques-unes qui sont conjoncturelles comme la mauvaise gestion de certains gouvernements. Il n’en reste pas moins que l’euro constitue un énorme problème structurel.

 

-La zone euro n’est pas une zone économique optimale , au lieu d’engendrer un mouvement général de convergence des économies , l’euro accroit spontanément l’hétérogénéité. Dans un système de monnaie unique ( ou commune , peu importe ) et en l’absence de flux de transfert massifs , cette hétérogénéité se traduit logiquement par des écarts de compétitivité qui condamne les pays dont l’inflation est structurellement supérieure à une montée des déficits , à l’austérité et à la récession. L’euro ne tient donc pas compte de l’individualité des systèmes socioéconomiques qui sont le produit des histoires nationales , ce qui est pourtant un facteur essentiel dans toute approche de politique monétaire , la réalité est qu’ il existe des taux d’inflation différents suivant les pays et qu’ une politique monétaire unique implique qu’elle sera soit trop restrictive soit trop accommodante suivant les différents pays ( cfr la métaphore de la chaussure ) , c’est ainsi que certains pays s’en sortent bien au sein de la zone euro et que d’autres crèvent à petit feu , ce n’est pas seulement une question de mauvaise gestion.

 

-L’euro a un cout faramineux pour l’économie française du fait de la pression que cette monnaie exerce sur sa croissance , sur le chômage et sur les finances publiques. Vous parlez de désindustrialisation , eh bien des études montrent que l’euro est le responsable principal de l’affaiblissement de la production industrielle, que ce soit à cause des problèmes de concurrence à l’intérieur de la zone Euro ( écart sur les coûts salariaux ) ou à cause des problèmes de concurrence extérieure à la zone Euro (hausse du taux de change par rapport au Dollar).

 

-Vous dites que les dévaluations ne profitent pas aux peuples mais l’histoire économique montre que cette assertion est fausse. Bien sûr , il ne faut pas dévaluer n’importe comment sinon c’est la catastrophe mais les dévaluations vertueuses ça existe et l’histoire regorge d’exemples. Lorsqu’on a affaire à une telle hétérogénéité au sein d’une zone économique , il faut une dévaluation pour rééquilibrer les niveaux de compétitivité , elle peut être externe ( on modifie la totalité des prix nominaux ) ou interne ( on baisse la masse salariale ). L’euro interdit la dévaluation externe , vous devez être content puisque vous estimez qu’elle est spoliatrice ( pour les rentiers , ça s’entend ). Mais l’euro oblige à la dévaluation interne , ne trouvez-vous pas là qu’il s’agit d’une spoliation pour les salariés ? En réalité les choses sont claires et il y’a un choix politique à faire : soit on favorise les rentiers , soit on favorise les salariés. L’euro est un choix politique oligarchique qui est en faveur de la rente et qui pénalise le salaire , les oligarques européistes ont sciemment choisi de sacrifier les classes moyennes et populaires en les utilisant comme une variable d’ajustement.

 

-Le pire , c’est que les politiques de dévaluation interne ne parviennent pas à réduire l’hétérogénéité de la zone , bien au contraire. Vous pouvez tenter de changer tous les traités que vous voulez (quand bien même ce serait possible et que les 27 puissent vraiment tomber d’accord ) , ce problème ne se réglera pas comme ça , la seule solution c’est de mettre en place des flux de transfert dans le cadre d’un fédéralisme européen. Seulement , les flux à mettre en œuvre sont tellement massifs que les gagnants de la zone euro comme l’Allemagne ( en réalité surtout le grand patronat allemand ) ne l’accepteront jamais puisque ce serait un suicide national.

 

Je n’ai pas pu répondre à tout , mon commentaire est déjà trop long.


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