Daruma 1er mars 2020 12:24

Le grand mérite de Bégaudeau est d’avoir ressuscité la notion de bourgeoisie et donc, aussi, la notion de classe et de lutte des classes.

Le bourgeois a été tourné en dérision et méprisé pendant des siècles. Le roman et le théâtre ont souvent décrit ses mesquineries, ses bassesses, son matérialisme, et bien d’autres défauts. QamonBra fait bien de nous rappeler la chanson de Brel.

Phénomène étonnant, depuis quelques décennies la notion de bourgeoisie a disparu : parler de bourgeois est démodé, voire tabou. C’est un peu comme si la chute du communisme avait fait disparaître le concept de bourgeois : les bourgeois n’existent plus puisqu’il n’y a plus de communistes pour en parler.

Mais l’invisibilité des bourgeois tient aussi et surtout, à mon avis, au fait que la bourgeoisie est devenue un style de vie et un idéal partagé par tous. Ce qu’on condamnera ce ne sont pas les bourgeois mais les inégalités qui empêchent d’accéder à la condition de bourgeois. Et si on n’y accède pas, on se console dans la consommation. En effet, si l’essence du bourgeois est de posséder, nous nous sentons tous un peu bourgeois.

L’autre raison de l’invisibilité de la bourgeoisie et de l’obsolescence du terme qui sert à la désigner, c’est le passage du bourgeois vieux-style au bourgeois de gauche, au bourgeois cool. Comme le démontre brillamment Bégaudeau dans son livre, le bourgeois, en se "coolifiant", ne cesse pas pour autant d’être un bourgeois.


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