maQiavel maQiavel 16 janvier 2019 20:39

@beo111

Très bien.

D’abord l’avantage que je trouve à votre proposition : puisqu’il s’agit de tirer au sort un petit nombre d’électeur, que ces derniers seront connus, que leur vote sera connu et qu’il s’agit pour eux d’assurer un suivi après leur vote , la probabilité pour que leur choix soit moins ténébreux qu’aujourd’hui est non négligeable. Mais concernant cette question de l’éclairage, on peut obtenir un avantage supérieur avec le RIC.

Cependant, je maintien que le RIC a des avantages que votre proposition n’a pas. Et en plus je rajoute qu’à la lecture de vos réponses, je pense que votre proposition rajoute des problèmes que le RIC ne contient pas.

Les avantages du RIC que votre proposition n’a pas :

-Sa popularité : sur le plan tactique et le court terme c’est important, vous devez encore faire connaitre votre proposition alors que le RIC est déjà connu. Sur le plan stratégique et le long terme, ce l’est moins, peut être arriverez-vous à faire connaitre votre alternative. Ce n’est pas l’objection la plus importante.

-La manipulation médiatique : les grands électeurs seront peut-être moins dans les ténèbres en faisant leurs choix, mais cela ne signifie pas que, dans l’environnement médiatique ambiant ils soient suffisamment éclairés pour faire un choix éclairé digne de ce nom. Sans une profonde réforme des médias, dans l’environnement actuel, seule une toute petite minorité d’individu ayant la capacité d’aller hors des sentiers battus par les médias seraient capables d’effectuer des choix éclairés et seulement sur des problématiques limitées. L’individu sur lequel les médias n’auraient aucune prise et qui ne serait soumis à aucune influence extérieure, je n’y crois pas. Et j’y crois encore moins dans notre environnement actuel avec notre système médiatique tenus par des milliardaires.

-L’indépendance des représentants : tant que les grands électeurs n’auront pas le pouvoir de démettre les représentants, votre proposition ne répond pas de façon adéquate à cette question. Parce que , comme on peut le voir aujourd’hui , frapper l’élu d’illégitimité ne mène à rien. Il faudra attendre une nouvelle élection pour élire quelqu’un d’autre et pendant ce temps, le représentant qui est en poste fera ce qu’il voudra, quitte à aller complètement à l’encontre de la volonté de ses électeurs en toute légalité. Comme c’est le cas actuellement, le grand électeur sera aussi ligoté institutionnellement que n’importe quel électeur dans notre système actuel.

 Sur ces trois éléments, dont les deux derniers qui sont des points clés fondamentaux dans ce que nous essayons de changer, le RIC reste supérieur. Mais en plus , votre proposition fait apparaitre de nouveaux problèmes :

-La représentation : vous comptez tirer au sort 577 personnes sur une population de plus de 45 millions d’électeurs potentiels. Ce n’est absolument pas représentatif de la population générale, pour qu’une telle élection soit légitime il faudrait augmenter sensiblement le nombre d’électeur.

-L’unité du corps électoral : et ensuite, c’est le plus gros problème selon moi, en principe , l’élection est une procédure au terme de laquelle , il y’a un gagnant et des perdants. Mais le gagnant est également le représentant des électeurs qui ont choisi les perdants et des abstentionnistes, il n’existe pas de hiérarchie entre eux. C’est ainsi qu’au terme de la procédure, les institutions considéreront que le corps électoral a choisi le gagnant comme s’il s’agissait d’un seul homme pour garantir cette égalité. Distinguer institutionnellement les parties de ce corps électoral, c’est rompre formellement avec cette égalité et c’est à cela que conduit votre proposition : certains électeurs sont formellement plus légitimes que d’autres à contester l’action de l’élu, en l’occurrence ceux qui l’ont choisi. C’est un problème car le suffrage n’a pas pour but de diviser la société mais de l’unir au terme de la procédure institutionnelle malgré ses divisions préexistantes.

Vous écrivez « La simple déclaration médiatisée d’un grand électeur qui ne se sent plus représenté, frappe instantanément d’illégitimité le député à qui il avait accordé une certaine confiance ». Votre système est pensé tel que l’élu ne représentera que les électeurs qui l’auront choisi et pourra se contenter de les satisfaire pour accomplir sa mission. S’il est en plus élu par une catégorie sociale spécifique ( ce qui n’est pas rare ) , il n’est pas difficile d’imaginer les dérives à l’encontre des autre catégories sociales.

PS : Vous écrivez « si le référendum débouche sur le maintien de l’élu, sa légitimité s’en voit accrue, alors que tout le monde sait bien qu’il n’y a pas de fumée sans feu ». Oui, si le référendum aboutit sur le maintien, sa légitimité est accrue et c’est une très bonne chose, le corps électoral a choisi. Et il a choisi de façon éclairée dans un environnement le système médiatique est transformé. En politique, il peut y avoir de la fumée sans feu, ça s’appelle les ragots, les calomnies, les manouvres politiciennes.

 


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