Joe Chip Joe Chip 17 décembre 2018 14:13

@maQiavel

Ils ne connaissent pas la mentalité dominante de la hiérarchie militaire française notamment son fort tropisme otanesque (Otan qui leur octroi par ailleurs des primes intéressantes) , son complexe d’infériorité compensé par une constante reptation philo américaine cherchant la reconnaissance du maître, son profond désir d’être intégré à l’empire.
Les mecs s’imaginent trouver des De Gaulle dans cette armée alors que généraux et amiraux français rêvent de remplacer les Britanniques dans le rôle de meilleur ami et d’allié militaire indispensable des Américains. Soit …

Tu parles en connaissance de cause ou... ? Est-ce que tu prends au moins la peine de suivre les auditions des concernés devant l’AN, ou c’est une simple analyse subjective de ta part ? C’est un peu une vue de l’esprit ou une généralisation abusive que d’affirmer que la "hiérarchie militaire française" ne servirait pas les intérêts de la France ou la souveraineté française. Ou alors mets les pieds dans le plat et dis clairement de qui ou quoi tu parles... La culture opérationnelle et stratégique n’est pas forcément la même entre les différents corps d’armée. Par exemple, la marine française a toujours eu une culture plus "atlantique", par la force des choses, que la composante terrestre tournée vers l’Allemagne et le continent. 

Ensuite, rappeler la réalité qui est qu’au sein des pays occidentaux, la France est le dernier pays à avoir conservé une autonomie matérielle (relative, certes, faute de moyens) et une capacité de projection en dehors des USA. Tout cela implique des coûts, de la volonté politique, etc... donc ne tombons pas dans les caricatures soraliennes sur la "soumission aux Américains".
Si on estime en revanche qu’une autonomie matérielle absolue et non plus relative est une condition requise pour maintenir notre souveraineté, alors il faut doubler au minimum le budget de l’armée et passer à 4% du PIB, en intégrant la dissuasion nucléaire.

Cette contradiction entre les ambitions affichées et les moyens donnés est souvent pointée du doigts par les militaires qui tiennent en gros le discours suivant aux politiques :
"Si vous souhaitez que nous conservions une autonomie stratégique à l’avenir, il faut augmenter le budget militaire et les investissements dans la recherche, sinon la coopération avec l’OTAN donc avec les Américains  est nécessaire sinon obligatoire, car les Américains sont les seuls à être présents sur le terrain et à mettre des moyens".    

Encore une fois, tenir des discours génériques sur la souveraineté sans parler des moyens qu’il faudrait y consacrer si on veut être sérieux, cela revient à péter dans un trombone. C’est très bien pour faire applaudir dans un meeting de l’UPR, mais ça ne répond pas aux problématiques soulevés par les militaires qui ne sont pas dans leur majorité des suppôts de l’OTAN rampant aux pieds des Américains mais des officiers pragmatiques qui composent avec des demandes difficilement conciliables (faire plus avec moins). Il y a sans aucun doute une partie de l’armée française qui a assimilé idéologiquement cette dépendance à l’OTAN, mais les généraux n’y sont franchement pour rien, ils n’ont aucun pouvoir politique comme l’a montré l’humiliation publique du Général de Villiers par le trouduc de l’Elysée, dès le lendemain de son élection. 

Je ne parle même pas des interventions mais par exemple de l’entraînement des militaires. On en a eu encore un exemple flagrant avec l’arrêt technique du Charles du Gaulle. Pour maintenir le niveau opérationnel des personnels de la marine, il a fallu s’adresser aux Américains qui sont les seuls à pouvoir mettre à disposition un porte-avion nucléaire équipé d’une catapulte. Ce qui implique donc de coopérer avec eux pour maintenir le niveau opérationnel de nos techniciens et de nos pilotes, car bien évidemment on ne peut pas laisser ces gens à l’arrêt pendant un an et demi ou deux ans. 
Le seul moyen d’éviter cette situation, ce serait effectivement d’avoir ou de lancer la construction d’un deuxième porte-avion. Ah, mais où trouver l’argent ? Les militaires ne sont pas les décideurs, donc les accuser de "soumission à l’OTAN" est un peu facile. Si on leur laissait le choix, je pense que la plupart des amiraux opteraient bien entendu pour la construction d’un second-porte avion, projet bloqué en réalité par Bercy depuis des années. 

Donc la question plus pertinente à poser c’est par exemple de savoir si les Français seraient capables d’accepter des sacrifices objectifs et des coupes dans les budgets non régaliens pour financer l’armée, car faut pas rêver, on ne peut pas tout avoir ni tout demander à l’Etat. On ne peut à la fois financer l’Etat-Providence, avoir l’éducation universelle et quasi gratuite y-compris dans le supérieur, un haut niveau de recherche et une armée prélevant 4 ou 5% du PIB. Il faut établir des priorités.

Sans même parler du fait que ceux qui gémissent sur notre "soumission" ou notre souveraineté perdue sont les premiers à dénoncer le "complexe militaro-industriel" et la soumission à l’étranger (sionistes, arabes, etc.) quand nous exportons des armes.

La souveraineté, c’est aussi et peut-être avant tout la capacité à faire des choix difficiles.


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