maQiavel maQiavel 2 novembre 2018 17:33

-Je fais partie des 99 % qui ont visionné les deux précédentes vidéos et qui n’ont pas été voir les liens. Mais il y’a une raison à cela (on pourrait dire que c’est une excuse mais je ne pense pas du tout que ce soit le cas car si c’était à refaire, j’agirais de la même façon). Et cette raison est très simple : il m’a semblé que le centre du débat n’était pas les attentats en eux-mêmes mais l’approche méthodologique permettant d’aborder ces attentats. Je n’ai donc pas ressenti le besoin de m’attarder sur les faits (puisque ce n’était pas vraiment le sujet, ils étaient tout au plus un prétexte pour analyser les méthodes de traitement d’un événement ) et je ne le ferai pas plus ici , par contre j’ai fait quelques petites recherches ( mais vraiment pas grand-chose ) sur des questions épistémologiques qui étaient abordées et qui me semblaient confuses  ( du genre : le rasoir d’Okham permet-il de considérer que l’explication la plus simple est la plus plausible ou alors est-ce une procédure logique qui se limite , pour des raisons de dépenses d’énergie , à examiner en premier l’explication la plus simple avant de passer à l’examens d’explications plus complexes ? Comment déterminer que telle ou telle autre hypothèse est plus simple qu’une autre dans une affaire aussi complexe que les attentats du 11 septembre ?) Il m’a semblé que le centre du débat était ces questions d’ordre méthodologique.

- Sam dit que la méthode d’instruction d’un dossier judiciaire relève de la démarche scientifique. Ce n’est pas faux mais il y’a un point qu’il évacue beaucoup trop rapidement dans cette vidéo, c’est la spécificité de la procédure judiciaire. Car, qu’on le veuille ou non, la procédure judiciaire a ses spécificités, on ne peut pas traiter par exemple de la véracité des liens entre Ben Laden et les attentats du 11 septembre comme on le ferait sur le plan physiologique sur les liens entre le diabète et l’obésité. Après de nombreuses recherches, l’explication la plus parcimonieuse désigne la graisse abdominale et pelvienne comme le facteur de risque principal du diabète de type IIa, c’est à ceux qui contestent cette hypothèse d’apporter la preuve qu’elle est fausse mais jusque là , le consensus physiopathologique mettra cette graisse au centre de la pathogénèse du diabète IIa. Mais on ne peut pas agir de la même façon pour la procédure judiciaire : ce n’est pas parce que l’explication la plus parcimonieuse désigne un coupable que ce dernier doit être considéré comme coupable, il existe en droit le concept de présomption d’innocence. On ne peut pas condamner par exemple un homme pour un meurtre parce que l’explication la plus parcimonieuse est qu’il a commis ce meurtre, la preuve de sa culpabilité doit être établie et la charge de la preuve dans ce cas revient à ses accusateurs et l’homme sera considéré comme innocent jusqu’à ce qu’elle soit faite, le juge ou le jury doit être certain que l’accusé a commis l’infraction qu’on lui reproche avant de le déclarer coupable. De là l’expression « hors de tout doute raisonnable ». S’il subsiste un doute raisonnable dans l’esprit du juge ou des jurés, l’accusé doit être acquitté.

Reopen est un groupe qui demande la réouverture d’une enquête judiciaire. C’est dans cet esprit que ce groupe affirme que la charge de la preuve de la culpabilité de Ben Laden revient à ceux qui l’en accusent. C’est la raison pour laquelle Reopen répond (maladroitement, il aurait fallu le formuler différemment) que la question n’est pas de savoir quelle est l’hypothèse la plus parcimonieuse mais quelle est la bonne. C’est aussi la raison pour laquelle Reopen ne dit qu’il vaut mieux dire qu’on ne sait pas au lieu de valider une hypothèse parce qu’elle serait la plus simple, sur le terrain probatoire judiciaire ça ne fonctionne pas comme ça. C’est aussi la raison pour laquelle Reopen, au lieu de dire ce que serait une preuve de la culpabilité de Ben Laden , dit plutôt ce qu’une telle preuve ne peut pas être ( aveux obtenus sur la torture , vidéos trafiquées etc. ).

Il faudrait à ce stade du débat arrêter de parler de « méthode scientifique » car cela induit une confusion qui consisterait à amalgamer par exemple le traitement d’une affaire judiciaire et l’analyse d’une hypothèse en physique sous prétexte que le champ judiciaire et le champ de la physique se traitent tous deux par la méthode scientifique , ce qui permet d’évacuer les spécificités de chacun de ces champs. Je conseillerai à Sam et à Reopen de se limiter à parler par exemple de "méthode critique "ou de "méthode rationnelle" , car je sens bien qu’à un moment donné , la confusion sera telle qu’ils ne se comprendront plus du tout au point de ne plus parler des mêmes sujets …



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