PumTchak PumTchak 19 octobre 2018 09:40

Agaçant et intéressant.

Agaçant parce que chacun est très typé avec son idéologie et que les propos tenus tapent fort sur les convictions personnelles qu’on a.

Intéressant parce que chacun apporte un bon éclairage à un moment ou un autre du débat sur le populisme, mot fourre-tout, ils l’admettent tous, mais lancinant de symptômes difficiles à circonscrire. Cela patine au début, puis quand les explications comment à s’ajuster les unes les autres, l’émission est finie, dommage..
Il manque le temps long de l’histoire pour éclairer. Durant les années 30 l’autoritarisme d’un Franco (le retour d’un ancien régime avec le sabre, le goupillon, la monarchie et la caste des grands propriétaires), n’est pas le même que celui d’un Mussolini (un socialisme évolué vers un homme nouveau dans une nation revivifiée), que celui d’Hitler (pour une race biologique et culturelle), que celui de Staline, etc... Ce courant autoritaire des années 30, sur les décombres de l’empire d’Autriche Hongrie et, à la marge, de l’empire d’Ottoman, après le fracas économique de la crise de 29, est une période de (re)construction d’états encore neufs (Italie unifiée en 1870, Allemagne en 1871, pleine souveraineté des états d’Europe centrale en 1918).
Karl Polanyi explique, avec la Grande Transformation, comment l’économie a été désencastrée des relations sociales depuis la révolution industrielle. Il y a eu le désencastrement des terres de la vie sociale, avec l’enclosure : les terrains communs pour laisser paître les animaux d’élevage sont devenus marchands et séparés par les clôtures. Ensuite les activités de subsistances des paysans, artisans, commercants sont devenus aussi un marché où l’on vend son travail et son temps au patron dans le monde industriel. Enfin l’argent, lui-même moyen d’échange de biens et services entre personnes est devenu marchand lui-même, avec l’activité financière. Contre cette marchandisation généralisée qui envahi tous les aspects de la vie en société, Polanyi explique les années 30 comme besoin pathologique de réencastrement des individus dans la société, qui a pris les différentes formes selon les pays.
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Notre temps long à nous a commencé avec l’école de Chicago, les années Reagan/Thatcher et la mondialisation. Quoiqu’on en dise, elle a facilité l’enrichissement des pays du Sud, hormis l’Afrique, mais les pays du Nord l’ont payé avec la précarisation du monde ouvrier et la fragilisation de la classe moyenne. Non seulement, la fin de la fracture économique entre les ouvriers et les bourgeois n’est pas venue, mais elle s’est aggravée en devenant le 1/99 %. A la fracture économique s’ajoute la fracture culturelle, l’état zombifié par l’oligarchie, la nationophobie ambiante et la négation de l’existence des peuples. L’occident a rayonné sur le monde avec des valeurs universalistes, l’image de la fiole à Powell a présenté à tous son oxymore en montrant comment il apporte la démocratie et la liberté par les le feu des armes et la mort. Il y a maintenant le besoin irrépressible de retrouver sa maison, en très mauvais état, commun à des Trump, Salvini, Orban, Poutine, etc… C’est le retour au système Westphalien.

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