
@maQiavel
"Ce que j’apprécie aussi en écoutant la vidéo , c’est que la part des choses est bien faite : le sujet n’est pas l’islam en général , ni même l’islam en France , la délinquance , la criminalité , le terrorisme ou d’autres thématiques ou tout est mélangé avec tout de manière à sauter constamment du Coq à l’âne de manière à ne surtout rien comprendre et à ne proposer aucune solution "
C’est vrai et en même temps faux. Le pb de l’approche par spécialisation est qu’il pointe un phénomène de manière isolée de tous les autres comme s’il n’existait aucun lien entre eux. C’est à la fois utile et à la fois insuffisant. Il se produit le même phénomène avec l’histoire avec une étude très précise, très localisée et bornée dans le temps de phénomènes, ce qui est intéressant, mais en même temps, on délaisse l’histoire globale, ignorant que la somme de ces phénomènes ne renseigne pas toujours sur un fil plus large d’évènements.
Les études de l’IM, la dernière surtout, procède de la sorte. J’ai produit une longue critique de celui-ci que je n’ai pas publié mais je t’en colle ci-dessous des extraits (c’est plus long et détaillé). En gros, 4 grosses critiques :
1/ L’auditeur lui-même : cet institut n’est pas neutre sur le plan idéologique et il est absurde et inquiétant que leurs rapports servent de base aux politiques. Non seulement il y a un pb de neutralité (ce qui est très gênant pour un rapport à dimension prescriptive) mais en plus, El Karoui, n’est pas compétent sur le sujet.
2/ Il part de la conclusion de celui de 2016 ("un islam de Fr est possible") et en fait un axiome. Dés lors celui de 2018 ne vise qu’à démontrer pourquoi, selon ses auteurs, un islam de Fr doit naître. Il y a un sérieux pb à ce niveau. Extrait : "Le sujet du rapport c’est l’islamisme. Plus de 600 pages traitent de celui-ci. Pourtant dans le rapport de 2016 sur lequel s’appuie celui-ci, il est expliqué que 28% des musulmans sont dans un groupe divisé lui-même entre « autoritaires » et « scessionnistes ». On peut faire remarquer que quand les medias serinent que le problème en islam est posé par une minorité, le rapport de 2016 démontre que plus d’une personne sur 4 défend une vision de l’islam en totale contradiction avec les valeurs de la République, voire est carrément séparatiste. Mais au-delà il y a là ici un énorme biais de sélection : le rapport part du postulat que 72% des personnes pratiquant le culte islamique ne sont pas concernées tout en considérant, à l’issue de leur recherche, qu’il y a une situation de monopole des branches les plus radicales (sur le net, réseaux sociaux, chaînes tv... c’est la partie intéressante du rapport, ses annexes).
Dés l’avant-propos le lecteur comprendra à quel point cette séparation stricte entre islamisme (lui-même divisé en deux, en gros la vision frériste – un islam visant à influencer le pouvoir temporel voire s’en emparer – et d’autre part une vision conservatrice, sécessioniste – celle des salafistes) et islam est insensée et arbitraire. En réalité il existe une intrication des deux et c’est d’ailleurs ce que ce rapport constate lui-même en expliquant que ces deux grandes tendances – frériste et salafistes – sur-dominent largement dans la diffusion de la doctrine musulmane (avec en plus le cas turco-islamiste abordé rapidement). Dés lors comment imaginer que ce discours soit sans effet ? C’est cela que l’IM aurait du étudier : Une fois que le monopole du discours est établi, quel est son effet sur les masses ? Nous ne l’apprendrons pas ici mais il est évident que quand un discours quel qu’il soit est en situation quasi monopolistique, il influence les masses."
3/ Quiconque connait le sujet un minimum n’apprendra strictement rien qu’il ne sait déjà. Les 3/4 du rapport sont consacrés à une description historique. Certes il est toujours fondamental de décrire ce dont l’on traite mais ce rapport est en réalité quasi exclusivement descriptif tout en revendiquant un caractère prescritif.
4/ La vision occidentale en question :
"Dés l’avant-propos, le rapporteur nous explique que nous autres occidentaux avons eu tendance à traiter la question de l’islam sous un angle biaisé, à savoir « occidento-centré ». Il nous dit « (…) il faut traiter le phénomène islamiste avec les mots qu’il se donne plutôt que d’en faire un épiphénomène à la marge d’un monde qui serait obligatoirement dominé par les valeurs occidentales. ». Ce cher Monsieur oublie juste qu’il est question ici de la société française qui est... occidentale, n’en déplaise aux Insoumis (voir le livret "Il faut passer à la francophonie politique") et autres Indigénistes. Les valeurs qui dominent sont celles de l’occident. Plus loin il affirme que « Le récit islamiste n’est pas moins sérieux que le récit occidental. » sauf que c’est faux. Si l’on considère le récit historique s’agissant de l’islam en général, le récit, l’étude historique faite par les occidentaux ou avec la méthode historique, il n’est pas du tout de même valeur que le récit historique islamique, ce que l’on nomme "tradition" et qui est une histoire largement fausse de l’islam lui-même. La méthode scientifique née en Europe produit un savoir qui nest pas de même nature que les « sciences islamiques », la première fonctionnant universellement, la seconde n’apportant aucun savoir ni progrès palpable. Aucune grande invention ou progrès technique n’est issu de la « science islamique ». Ce n’est pas pour être médisant mais c’est la simple réalité. Les médecins musulmans utilisent des scanners, la pharmacopée et tout le savoir et outillage issu de la méthode scientifique.
De plus ce rapport nous explique qu’utiliser notre prisme occidental pour traiter la question de l’islam reviendrait à « infantiliser » les adeptes du culte islamique, que ces derniers ne reconnaissent pas les termes comme « islamistes » et autres et que donc l’approche n’est pas pertinante. Nous n’avons pas à considérer comme les musulmans pourraient percevoir une étude portant sur eux, ni utiliser leur vocabulaire. En réalité M. El Karoui et l’IM sont déjà dans un paradigme singulier qui impose l’idée que la vision "occidentale" n’est qu’un angle de vue parmi d’autres.
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