Joe Chip Joe Chip 28 septembre 2018 21:30

@Belenos

A côté de ce prêchi-prêcha insipide qui est la matrice du progressisme et de l’antiracisme moderne, le texte de 1789 se distingue par sa vigoureuse concision :

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

On voit très bien que le texte de 1948 a été rédigé avec la seconde guerre mondiale dans le rétroviseur. Les droits humains y sont définis essentiellement en termes de droits "opposables" en dehors de tout cadre national et souverain. Le caractère positiviste et constructiviste de la déclaration de 1789 qui pense en même temps et conjointement l’individu et la nation, qui lie la liberté de l’homme à celle du corps politique qui la constitue, disparaît complètement du texte de 1948 ou est reporté dans le dernier article où apparaît presque comme une incongruité le mot "devoir", sans doute suite à l’insistance de certains juristes blasés par toutes les platitudes qui ont précédé. On peut sans doute situer ici l’origine de la déviation qui nous a fait sortir de l’universalisme républicain pour nous conduire au droit-de-l’hommisme. Il y a déjà tout Kouschner et George Bush contenu dans ce texte. Le sans-frontiérisme et les guerres "morales" de la première démocratie du monde. 

Quant à la fameuse notion de "citoyen du monde", elle n’apparaît pas formellement dans le texte de 1948 puisqu’elle repose en effet sur une contradiction politique indépassable. Mais comme je l’ai dit plus haut la généalogie de cette idée a plus à voir avec le cosmopolitisme philosophique ou religieux qu’avec l’universalisme républicain.  

Au contraire, le préambule de la déclaration de 1789 stipule que celle-ci doit rester "constamment présente à tous les Membres du corps social". 

Bref, tout ça pour dire que l’on peut parler sans vergogne d’universalisme, y-compris au sens politique du terme, dans le sens où celui-ci est par définition contenu dans un cadre (la nation ou le corps social) qui est l’objet même de la politique.

PS : désolé pour la longueur, pas eu le temps de synthétiser et ordonner le tout

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