maQiavel maQiavel 28 septembre 2018 15:55

@Qirotatif

Désolé de ne pas avoir répondu plus tôt mais j’ai manqué de temps libre ces derniers temps :

Attention , il y’a une différence entre un avis majoritaire et un consensus. Un avis majoritaire peut être imposé à ceux qui ont un avis minoritaire et qui se retrouvent perdant dans le processus décisionnel. Alors que le consensus nécessite le consentement de toutes les parties qui auront fait des concessions pour pouvoir dégager une décision commune , il ne nécessite pas forcément l’existence d’un avis majoritaire mais quand bien même il y’en a un , il ne constitue pas un frein : la majorité devra aussi faire des concessions pour intégrer les minorités à la décision.

Je ne dis pas que le consensus vaut mieux que l’avis majoritaire ou inversement , c’est au cas par cas , certaines décisions requièrent un consensus ( par exemple dans les choix constitutionnels , même les royalistes qui sont ultra minoritaires devraient en principe avoir leur mot à dire et il est même possible que les Républicains ultra majoritaires leur fasse quelques concessions  ) , d’autres pas. Il faut de grands hommes d’Etat entouré de collaborateurs brillants pour pouvoir faire la distinction entre les décisions qui relèvent de l’avis majoritaire et celles qui relèvent du consensus et pour pouvoir impulser le consensus quand il est nécessaire , ce n’est pas facile du tout , il faut beaucoup de talents.

Dans la partie de la vidéo à laquelle je fais référence ( troisième vidéo en partant de la fin de de 25 :15 à 27 :55 ) Clément Victorovitch dresse le tableau de deux visions :

-La première confond identité culturelle française et identité politique française , les deux ne font qu’un , de sorte que pour pouvoir revendiquer une identité politique française il faut appartenir pleinement et entièrement à une identité culturelle française immémorielle ancrée dans les racines chrétiennes françaises , y compris dans les choix des prénoms ou les choix artistiques.  

-La seconde établit une distinction entre identité culturelle et identité politique , l’identité politique découle du partage d’un destin commun et du respect des normes politico-juridiques communes. L’identité culturelle quant à elle , n’est pas statique mais dynamique , elle évolue et  peut être plurielle mais elle relève surtout de la vie privée et des choix individuels.

Ce que j’essayais d’expliquer sans prendre parti entre ces deux visions ( même si à force de discussion , il est facile de déduire à laquelle des deux j’adhère )  , c’est que le tableau est très bien dressé en quelques phrases mais surtout qu’il était possible de dégager un consensus entre ces deux visions à priori antagonistes. Pour être plus précis , j’ai l’impression que c’est ce que Jacques Sapir a réussi à faire en théorie dans son livre « Souveraineté , Démocratie , Laïcité ». Mais je me dis qu’en pratique , au regard des réactions épidermiques des uns et des autres , ça risque de ne pas être possible.

Sinon , pour avoir lu mélancolie française ( très bon livre au passage) , je peux dire qu’EZ a clairement une vision de la France , ce qu’il décrit à longueur de chronique c’est SA vision de la France ( et non LA France ). Il a une lecture très idéologique de l’histoire de France qu’il assume parfaitement tout en se réclamant de « LA réalité » alors qu’on peut en avoir une lecture très différente ( pour avoir écouté l’histoire de France de FA par exemple , il en a lui aussi une lecture idéologique mais qui est très différente de celle de Zemmour ).  

Quand on dit que le consensus actuel est que la France devrait être achevée sur l’autel du progrès , je ne peux être d’accord sans précision : de quelle France on parle ? Parce qu’il ne me semble pas qu’en dehors des banlieues , tous les Français partagent la même vision de la France , même parmi les plus érudits ( sans parler du fait qu’il me semble qu’on est incapable de produire un quelconque consensus aujourd’hui ).  



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