PumTchak PumTchak 20 juillet 2018 13:48

@Zatara & Qirotatif

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J’avoue que la limite technique de la scène à trois murs ne m’a pas vraiment freinée, c’est en lisant les commentaires dessus que je m’en rends vraiment compte. La faiblesse de moyens n’empêche pas le professionnalisme : c’est là qu’il faut démonter son inventivité. Disons que j’étais surtout surpris que Bruce, qui est un très bon explicateur, mais que je trouvais limité par son côté m’as-tu-vu, puisse sortir un tel scénario.

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Puisqu’on a fait la comparaison avec Cube, l’environnement futuriste, ses espaces trop blancs, aveuglants, les géométries coupantes, fabriquent le sentiment d’hostilité que l’on subit avec ce film. Au contraire, dans Arel, les murs en papier peint sont neutres (classique, voire vieillot, en tout cas pas de suggestion futuriste). L’espace, s’il nous impose évidemment l’enfermement, ne nous impose pas de sentiment d’hostilité. Par contre, c’est une pièce d’appartement, faite pour être meublée et avoir une fonction (chambre, séjour…) : c’est cette absence qu’on subit, elle nous mange. C’est fait pour, mais il n’y a pas. Pire qu’une cellule de prison, même borgne, avec un lit, un tabouret, une table : c’est un espace qui a au moins une fonction. Cela correspond à la sourde angoisse des personnages, s’ils sont réels ou pas et correspond métaphoriquement à notre société qui fabrique de l’absence : de la no life, du consumériste qui alimente sans nourrir.

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Et sur les personnages « fades », c’est peut-être un peu outré, mais c’est quand même l’air du temps. Ce n’est plus l’époque de Themroc, avec des populations encore un peu paysannes, aux caractères entiers, jetés dans les villes où il faut tout mettre dans des normes. Aujourd’hui c’est différent. On devient interchangeables (savoir changer de boulot, de lieux, de conjoint, de mode de vie…). Dans la série, personne n’a relevé qu’ils portent le même vêtement, unisexe et monochrome. Par contre, le vêtement de Franck devenu rouge : c’est remarqué. On a appris aussi à ne pas faire de vague, à intérioriser le contrôle social. Ce qui a permis dans Arel d’arrêter tout de suite la scène de ménage avec l’apparition de Bruno.

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Ce n’est pas simplement la lutte contre l’arbitraire, ou une puissance manipulatrice, c’est aussi une lutte contre sa propre dévitalisation, sa perte de fonction, de position, de sens dans la société. La série le suggère explicitement avec la lumière qui s’affaiblit au rouge, puis coupe, pour prendre le temps de recharger. C’est aussi latent jusqu’à la dernière vidéo : s’ils sont des réels ou des programmes répliqués.

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P.S. : Zatara, ayé, je ferai attention à ne plus mettre le bazar dans les fils d’échanges.


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