Joe Chip Joe Chip 28 avril 2018 14:59

@Qirotatif

Je ne sais pas qui tu vises en critiquant (à juste titre) cette comparaison outrancière avec les mouvements trotskystes mais pour ma part je parle bien d’imitation stérile et caricaturale du "modèle contestataire" des années 60 par ces "racisés" et plus généralement par la mouvance gauchiste contemporaine que je ne confonds nullement avec les trotskystes historiques. 

C’est ce que j’essayais d’expliquer ci-dessus à ged, je vois mal pourquoi il faudrait avoir peur de ces réunions de petits gros qui n’ont que des récriminations et aucune imagination ("l’imagination au pouvoir" ?) contrairement au mouvement de 68 qui au-delà des caricatures et des échecs a aussi engendre un certain nombre de choses plutôt positives et réellement avant-gardistes. Le survivalisme et le retour à la terre, ils ont compris ça 30 ou 40 ans avant les types de droite qui les imitent aujourd’hui (en mode parano individualiste). Dans un registre plus concret, on pourrait aussi parler de l’augmentation bien réelle de la paie des ouvriers qui à l’époque gagnaient des misères et étaient traités comme de la merde au boulot. 

C’est une des grandes fautes de De Gaulle que d’avoir totalement négligé le "social" en croyant que les Français se contenteraient d’avoir un pays bien géré et ordonné au moment où les Allemands et les Japonais voyaient leur niveau de vie progresser rapidement. Il ne faut pas perdre de vue que la société française au début des années 60 souffrait encore d’une certaine arriération. Dans les campagnes, on n’avait pas toujours la télé et de nombreux Français n’avaient pas encore accès au confort individuel (salles de bain, douche...) et se lavaient aux bains municipaux comme dans les pays de l’Est. 

De Gaulle était un militaire et un homme du XIXème siècle qui ressentait un mépris diffus pour la population française (les "veaux") en partie à cause de la seconde guerre mondiale. On sait par exemple qu’il détestait les paysans en qui ils voyaient un ramassis de pétainistes, ce qui aide à comprendre le caractère industrialiste et saint-simonien de sa politique. C’est lui qui a poussé l’agriculture française vers le productivisme et la modernisation à outrance, sans en calculer les effets à long terme. Malheureusement, tout cela a fait qu’il n’a compris que trop tardivement (68/69) l’importance des thématiques sociales, trop habitué à les déléguer aux centrales ouvrières et au parti communiste... c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai aucune accointance avec les discours d’Asselineau et aucune nostalgie particulière pour le fameux "compromis social" issu du CNR.

Or, quand on lit les critiques caricaturales de 68, on a l’impression que la France était un petit pays de cocagne avant 68 où tout le monde vivait dans l’allégresse et la bonne humeur. Soral, lui, n’a jamais vraiment bossé donc il lui est très facile de caricaturer et de tout ramener à des oppositions dialectiques binaires, comme il le fait sur l’intégralité des sujets (révolution française, politique étrangère, etc.)


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