@maQiavel
"quand met dans le même sac « radicalité » une fille voilée qui ne fait absolument rien d’illégal et un homme qui tire dans une foule dans un concert, on est simpliste (ou alors on vide le concept de radicalité islamiste de toute sa pertinence, ça devient une notion bateau qui rassemble des comportements qui n’ont rien en commun politiquement et sociologiquement parlant)."
Je réponds "homme de paille". Tu m’attribues une simplification extrême avec un exemple fictif. Je n’ai pas dit que la fille voilée était une radicale au même titre que le terroriste. Quand je parle de radicalité je m’appuie sur les questions posées aux musulmans dans cette fameuse étude : être favorable au port du voile intégral est considéré par la majorité des gens comme une attitude radicale (en plus d’être illégal chez nous). Nous formons une communauté nationale qui a son histoire, ses sources du droit, ses us et coutumes, etc, et chez nous cette pratique n’est pas acceptée.
"Je pense que c’est le cœur nucléaire de notre désaccord."
Absolument, à ceci près que tu sembles ignorer (ou feint de ne pas le voir... oui, oui, c’est un procès d’intention mais en même temps les alternatives ne sont pas nombreuses...) que politique et culturel sont confondus dans cette religion. M6 est à la fois le commandeur des croyants et le chef politique de ses sujets par exemple. Cette confusion n’a pour nous plus aucun sens depuis 1789/1905 et c’est une des raisons à notre incompréhension de ce phénomène (en plus du désintérêt naturel évoqué précédemment).
"si on arrive à déterminer une méthodologie permettant de rendre compte de ces diverses pratiques en France, de déterminer celles qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas , de déterminer les rapports de force au sein des Français de confession musulmane , quel est l’intérêt de ces débats idéologiques qui ne mettront personne d’accord et qui vont mener les uns et les autres à couper les cheveux en quatre sur ce que serait un islam qui existerait « objectivement » et qui résiderait en tant qu’objet quelque part dans une caverne ? "
Etrange cette quête d’une méthodologie... qui pourtant existe. La psychologie sociale dans le domaine des religions a longtemps tergiversé, mais de nombreuses disciplines abordent cette question. Si l’on souhaite mesurer les diverses pratiques de l’islam il y a déjà au moins deux solutions qui fonctionnent : l’observation et le sondage. En revanche, comme pour tout, il faut de nombreuses études pour parvenir à écarter le bruit statistique et affiner notre compréhension d’un phénomène. Tu noteras que ce n’est pas le chemin qui est pris en France parce que chez nous, étudier c’est déjà stigmatiser. Mais au fait pourquoi l’objet islam nécessiterait-il une méthodo singulière ?
Quant à déterminer ce qui est acceptable ou non comme pratiques, je ne vois pas cela comme un débat : la loi doit y répondre et force doit rester à la loi. Dans ma vidéo je prends l’exemple du halal/casher pour expliquer que c’est une dérogation à la loi qui leur est accordé (au niveau européen comme national) et qu’il suffirait de la lever. Soit l’on considère que l’animal est un être vivant doué de sensibilité et l’on oblige à l’étourdissement avant mise à mort comme le précise la loi, soit on le considère comme un objet et auquel cas n’importe quelle pratique doit être tolérée. C’est l’un ou l’autre. L’abattage rituel n’est pas une pratique compatible (et donc inacceptable, même si ce terme à une connotation morale malheureuse) dans un pays où l’on a définit que l’animal était doué de sensibilité. Je ne vois pas comment on peut débattre sans fin sur un tel sujet. La pratique est inacceptable chez nous, selon nos valeurs et même notre loi et ces dérogations doivent être levée, et peu importe si les concernés en prennent ombrage. Du reste de nombreux pays européens la jugent inacceptable au point de l’interdire : Danemark, Islande, Liechtenstein, Norvège, Pologne, Suède, Suisse, etc. Toi qui dénonce les accommodements raisonnables, n’en vois-tu pas un gros comme une maison au travers de ces dérogations ?
"Est-ce que déterminer l’existence d’un objet « islam » nous apportera quelque chose ?"
Le fait est qu’actuellement cet objet existe : les textes existent, les gens qui les étudient aussi, les gens qui sont de cette religion représentent près de 2 milliards d’individus et leurs pratiques existent. Tu poses une question qui n’a pour moi aucun sens mais pour y répondre, oui, évidemment que cela nous apportera qq chose, à commencer par sortir de cette vision inhibitrice (et fausse) d’une infinité d’islams qui seraient tellement différents selon les écoles et leurs pratiquants qu’il n’y aurait aucun sens à même parler d’islam. C’est faux : les principes de l’islam sont invariants. Ce n’est pas parce qu’il y a des différences dans les pratiques que cela change quoi que soit aux principes. Toute cette histoire d’interprétation est un enfûmage.
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