maQiavel maQiavel 27 février 2018 23:51

@Qirotatif

Maintenant que j’ai posé ce cadre, pour répondre précisément à ton commentaire :

Je ne fais pas passer « les autres pour de vilains inquisiteurs mangeurs de bébés des gentils croyants » (nous sommes tous des croyants comme je viens de le préciser) , mais il y’a d’évidence une forme d’hystérisation dans le rapport de nos sociétés modernes  avec certaines croyances. Et je dirai même qu’elle est dans une certaine mesure inconsciente. Pourquoi ? Parce que ces croyances s’attaquent directement au cœur nucléaire du paradigme des lumières, et cela est bien plus important que les conséquences sociales de ces croyances (qui sont souvent négligeables) ou que leur invalidité. Ce que ces croyances perturbent, c’est un messianisme technoscientifique, leur existence rend lointaine la nouvelle Jérusalem rationaliste tant rêvée. Il est impossible de comprendre les réactions disproportionnées au phénomène terreplatiste par exemple,  si on ne comprend pas ça. Cette croyance viole quelque chose, elle agresse des représentations mentales profondes. Idem pour le créationnisme. Ceux qui réagissent à cela se disent « il est incroyable que des gens croient en cela au 21 ème siècle, ce qui signifie en réalité « nous pensions être sur la bonne voie de la fin de l’histoire  mais puisque ces croyances existent encore, de toute évidence nous en sommes encore loin ». Et cette évidence est insupportable.

C’est ça le fond de l’histoire. Alors on invente les dangers que représenteraient ces croyances, on imagine des digues pour que les plus jeunes ne deviennent pas à leur tour des hérétiques, on en fait des tonnes … bref, on se lance dans une croisade idéologique contre des gens dont il faudrait simplement sourire.

Tu as tout à fait raison sur ce point : le fait que soient critiquées des croyances et leurs conséquences est perçu comme une agression envers les croyants eux-mêmes. C’est une réalité anthropologique. Mais … cela concerne toutes les croyances, y compris le messianisme progressiste. Bien évidement, il est possible de prendre de la distance vis-à-vis de ce comportement.

Tu as aussi raison sur ce point : ce sont les croyants qui cherchent à imposer aux autres leurs idées. Mais pas quand tu écris « et jamais l’inverse », l’inverse n’existe pas chez les homo-sapiens car nous sommes tous croyants.

Le processus de resacralisation ne date pas des années 60 – 70 , il a eu lieu bien avant. Lorsque le pseudo- rationalisme idéologique est devenu dominant , il a déconstruit le sacré traditionnel (dans le sens « d’usage ancien et familier » , il s’agit donc bien entendu du sacré religieux). Mais une société humaine ne peut pas fonctionner sans sacralité. Il a donc fallu resacraliser autre chose et ce fut la science (je renvoie à la phrase que j’ai surligné plus haut pour ne pas faire de confusion  : je ne dis pas que la science elle-même est une croyance sacré mais qu’on peut la sacraliser, il y’a une différence entre ce qu’est réellemet la science moderne et la façon dont on la perçoit).

Ne pas prendre en compte ce que l’on appelle avec légèreté « vérité scientifique » (et il faut avoir fait un peu d’épistémologie pour comprendre ce que c’est réellement), c’est dans nos sociétés une atteinte au sacré.

Et bien évidement, ce que je décris là se passe aussi ailleurs (donc nulle auto -flagellation) mais le fait est que ces conceptions sont nées en occident.


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