maQiavel maQiavel 23 février 2018 10:53

@Mahler

Depuis la dernière fois ou nous avions parlé, je comprends aussi un peu mieux le modèle de développement soviétique qui était avant tout une modernisation de rattrapage , soit un capitalisme d’Etat national de rattrapage organisé par un Etat stratège fort et planificateur.

J’ai aussi découvert les inspirations et les origines réelles du modèle soviétique, et concrètement elles étaient moins dans les théories marxistes léninistes (qui avaient avant tout un rôle théologique, c’est-à-dire de légitimation des actions) que dans une combinaison de l’expérience allemande de l’économie de guerre, de l’héritage du modèle de développement tsariste et de l’héritage de la mobilisation industrielle de la grande guerre.

C’était un modèle qui était excellent pour un développement extensif rapide ( croissance quantitative d’avantage des mêmes choses ) axé sur l’industrie lourde. Et malgré le déficit démocratique autogestionnaire qui a métamorphosé le parti bolchévique en une élite bureaucratisée déconnecté de la population qui prenait des mesures de manière autoritaire et répressive (et c’était peut être le prix à payer pour résister au choc de l’opération Barbarossa ) le système était particulièrement efficace pour sortir rapidement l’union soviétique du sous développement.

Cependant, il aurait fallu dans un deuxième temps, dans les années 60 et 70, ajuster ce modèle et l’actualiser car il était inadapté pour un développement intensif (croissance qualitative basé sur une meilleure productivité). Ce modèle était dans l’incapacité de traduire les progrès scientifiques et technologiques en un bond en avant économique car cette actualisation nécessitait une décentralisation afin de susciter la créativité et la participation de larges strates de la population, processus indispensable au développement d’une société de consommation. Mais le système avait sa propre logique et il était devenu irréformable, d’autant plus que la logique oligarchique bureaucratique a produit une dégénérescence des élites qui étaient de moins en moins compétentes mais toujours aussi accroché à leurs places comme une moule l’est à son rocher. 


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