maQiavel maQiavel 15 octobre 2017 16:49

Joffrin fait partie d’une caste particulière, celle des « éditocrates ». Au sein cette caste, seul deux individus assument en toute décontraction et avec cynisme leur fonction sociale : Giesbert et Barbier. Barbier expliquait doctement que « l’éditorialiste est un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s’élever ».

C’est un paradigme qui a été théorisé des décennies auparavant par Bernays de façon brillante : les communicants sont indispensables à l’exercice du « gouvernement invisible », qui constitue l’essence de la »démocratie « . Le terme » démocratie« ici ne signifie pas le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple évidemment, c’est un ensemble de principes et de valeurs pseudo-progressistes promues et pilotées par une minorité « éclairée » qui se donne pour mission d’enrégimenter les masses afin de les guider vers la lumière.

On retrouve en filigrane, dans le discours de certains journalistes qui semblent s’attribuer le rôle de guide des masses considérées comme un troupeau égaré, la prétention de délimiter le cadre dans lequel les discussions intelligentes peuvent avoir lieu ,en marginalisant , voir en interdisant les idées opposées à celles des « minorités éclairées ». C’est exactement le discours que tient Joffrin dans la vidéo : la » démocratie « ne saurait accepter que s’expriment des opinions » antidémocratiques « !

 Avant l’émergence des réseaux sociaux (qui ont leurs défauts sur lesquels je ne m’étendrai pas ici), il suffisait de marginaliser ces opinions en ne les diffusant pas ou en les ridiculisant sans aucun droit de réponse. Avec la multiplication des réseaux de diffusion des opinions liées à l’émergence d’internet, ces éditocrates , conscient de la menace à moyen et long terme pesant sur leur fonction sociale, sont devenus des véritables promoteurs de la censure Étatique et légale des opinions non conformes aux leurs.

C’est pourquoi, il faut bien comprendre ceci : quand cette caste édictocratique parle de « liberté d’expression », elle parle en réalité de « liberté de la presse » ou pour être plus précis, de « liberté de la grande presse », la leur. Pour faire simple ils parlent de leur propre liberté de formater l’opinion et du droit d’en préserver le monopole. De là, il devient beaucoup plus facile de comprendre comment cela se fait qu’ils se présentent d’un coté comme les plus grands défenseurs de la liberté d’expression et que de l’autre coté ils fassent la promotion de la censure. Il n’y a pas de contradiction, c’est simplement que dans le contenu de la notion de « liberté d’expression », ils ne mettent pas la même chose qu’une personne normale.

Cette vidéo illustre très bien ce mode de pensée : ne pas être Charlie ne relève pas de la liberté d’expression, c’est un peu comme le nazisme, c’est une opinion » anti –démocratique« qui ne doit pas trouver d’expression politique à l’assemblée et qui, si besoin est, doit être réprimée légalement.

PS : Le pire, c’est qu’à l’époque de Bernays, ces minorités « éclairés » avaient un certain niveau et pouvaient proposer des paradigmes sociaux et politico-philosophiques. Aujourd’hui, le journalisme politique se limite au journalisme sportif (commentaires de compétition entre les différents concurrents au cirque électoraliste) et au journalisme téléréalité (commentaires des clash entre les différentes personnalités politiciennes, artistiques et médiatiques). Leur principal vecteur d’influence se limite à l’occupation de l’espace médiatique. 


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