maQiavel maQiavel 11 septembre 2017 17:02

@Zatara

Tout est de toute façon lié à tout, donc il existe évidemment un lien entre les différents éléments que j’ai cité. Mais ce n’est pas parce qu’il existe des liens que tout est assimilable à tout (je sais que ce n’est pas ce que tu dis mais je le précise). Si tout n’est pas assimilable à tout, il faut pouvoir faire la part des choses pour comprendre chacune de ces composantes et ce qui les différentie, raison pour laquelle je fais une distinction entre la souveraineté, l’autonomie, l’indépendance, l’autarcie et la Puissance. Mais je vais laisser la question de la souveraineté de coté, je ne l’introduirai qu’à la fin et comme tu m’en fais le reproche de ne pas les évoquer, je commencerai par les référentiels structurels. Je vais tenter de partir de zéro et monter des étages petits à petits.

Le premier des référentiels structurants par lequel je débuterai (il y’en a d’autres en amont qui sont à mon sens d’ordre spirituels, je n’en parlerai pas ici mais j’avais effleuré le sujet dans cet article ) est le fétichisme du pouvoir qui va entrainer la lutte pour la domination. Pour aller au plus rapide, je dirai que depuis au moins la révolution néolithique existe une compétition entre les groupes fédérateurs humains dont l’objet est la domination ou la résistance à la domination et qui va entrainer l’état de guerre c.à.d. une disposition mutuelle, constante et manifeste de détruire les groupes ennemis ou de les affaiblir par tous les moyens qu’on peut (ce n’est que lorsque le moyen utilisé devient militaire que l’on parle de guerre proprement dite). C’est à ce niveau qu’intervient la Puissance : elle caractérise la capacité d’un groupe fédérateur à agir sur les autres pour atteindre ses objectifs et préserver voire renforcer sa suprématie ou encore résister à la suprématie d’un autre groupe. La puissance est un concept complexe et mouvant qui fait entrer en ligne de compte une multitude de paramètres dont l’importance et la combinaison varient selon les moments (les paramètres de la puissance à l’époque de la Grèce antique ne sont pas ceux de l’époque napoléonienne qui ne sont eux-mêmes pas ceux d’aujourd’hui), elle est à la fois une notion objective et subjective. Mais on retrouve bien évidemment des paramètres intemporels comme la démographie, la géographie, les ressources territoriales, les croyances collectives, les institutions, la capacité à créer et assimiler les technologies, la capacité à élaborer des alliances diplomatiques, le commerce etc.

Sur ce référentiel structurant va s’en greffer un autre qui naitra aux environs du XIIIe et XIVe et qui explosera entre le XVIIIe et le XIXe siècle : le processus capitaliste ! C’est-à-dire que l’on passe d’une économie de subsistance limitée par les institutions des sociétés traditionnelles et qui a pour finalité la satisfaction des besoins humains à un processus économique cumulatif qui n’a plus d’autres horizons que sa propre reproduction, d’où l’impératif de production illimité. C’est de là que va naitre ce culte de la croissance puisque l’expansion sans limite des affaires devient le but suprême, la stabilité devient au contraire synonyme d’immobilisme et de stérilité, en cas de saturation des marchés, on en crée de nouveaux par la colonisation, la publicité, le marketing, les avancées sociétales (marché de la femme, marché de l’enfance etc) et si tout cela ne marche pas il reste la guerre.

Le processus capitaliste avait besoin des structures socio Etatiques pour se développer et ces dernières avaient elles mêmes besoin de lui dans les luttes qu’elles se livraient les unes les autres pour la domination. Les classes dirigeantes politiques ont vite compris le profit que pouvait en tirer les Etats puisque le facteur économique devenait le paramètre déterminant de la Puissance ( ça n’a pas toujours été le cas contrairement à ce que certains peuvent croire , Sparte par exemple était pauvre mais ça ne l’a pas empêché de parvenir à dominer la Grèce, il y’a d’autres exemples historiques). Les Etats vont donc accompagner ce processus et élaborer des stratégies de développement économiques, ce qui mènera à une course à l’innovation qui débouchera sur les révolutions industrielles. Concomitamment à cette course au développement économique va naitre tout un discours de légitimation de ce processus qui prône l’amélioration de la condition humaine par l’accumulation matérielle avec toute la dimension messianique que cela comporte. Comme toujours l’idéologie est là pour habiller une réalité bien plus terre à terre : la lutte pour la domination économique.

Cette émulation entre les Etats va permettre à des entités économiques de se constituer en puissance à part entière. Ces entités ont très bien compris que les structures Etatiques, si elles leur ont été utiles à un moment de l’histoire constituent à l’ère du capitalisme triomphant une entrave. Le processus capitaliste fluidifie le monde car la fluidification intensifie les échanges. Dans un monde liquéfié, ce qu’il reste d’entité solide (les Etats) deviennent des boulets : il faut donc tuer l’instinct territorial et reconfigurer les pouvoirs afin qu’ils ne soient plus entre les mains de ceux qui détiennent et organisent les territoires mais soient transférés vers ceux qui détiennent les marchandises et les capitaux et qui organisent leur circulation et leur distribution, ainsi que celle des personnes. C’est sur cette volonté que va se greffer les discours de légitimation mondialiste culturel (contre les nations et l’enracinement en général mais en faveur du multiculturalisme et du cosmopolitisme) économique (les vertus du néolibéralisme mondialisée que l’on vante par de l’idéologie mais que l’on prétend être une science, voir carrément une science dure ) et politique ( on pose que les Etats nations sont fondamentalement dangereux car ont tendance à être en guerre perpétuelle et on propose l’alternative de leur dissolution dans de grands ensembles d’intégration régionaux et continentaux ayant pour finalité une entité politique mondiale unique en vue d’une paix universelle).


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