maQiavel maQiavel 21 août 2017 15:06

Excellente intervention  de Maurice Lemoine, difficile d’expliquer une situation aussi complexe en moins de 10 minutes, surtout à des journalistes tellement lobotomisés qu’on croirait avoir affaire à des poissons rouges mais son message est passé. Ces journalistes n’ont aucune connaissance historique. On ne leur demande pas de connaitre par cœur l’histoire du Venezuela depuis l’époque de mathusalem mais de savoir un minimum de chose sur l’histoire de ce pays seulement depuis l’arrivée au pouvoir de Chavez, ce n’est quand même pas trop demander à des gens dont le métier est d’informer leurs concitoyens, ils n’ont pas conscience que dire qu’il est caricatural de dénoncer l’implication américain dans ce dossier est d’une stupidité abyssale. Ou alors qu’ils lisent et écoutent simplement le département d’Etat ou la CIA mais étant donné qu’on a affaire à des poissons rouges qui tournent en rond dans un bocal par conformisme, il faut croire que c’est trop demander.

Le Venezuela est fortement dépendant de sa rente pétrolière mais la baisse du prix du pétrole n’explique pas les pénuries des biens de premières nécessités, les pénuries ne sont pas le résultat d’un effondrement de la production nationale et/ou d’une baisse des importations consécutive à une baisse des devises étrangères accordées par l’État. Les causes réelles des pénuries recensées au Venezuela, ce sont les importations fantômes (diminution des importations malgré un octroi croissant de devises étrangères au secteur privé importateur) et l’accaparement sélectif des biens de premières nécessité (accumulation massif de marchandise d’une même espèce afin de provoquer leur raréfaction artificielle). Et ce ne sont pas des phénomènes structurels que l’on pourrait considérer comme spontané, ce sont des manouvres tactiques dans le but d’atteindre un objectif politique : comme par hasard les pics de pénuries coïncident avec des rendez électoraux ou les référendums constitutionnel. Ces pénuries très ciblées sur les biens de premières nécessités sont l’instrument et le résultat d’opérations savamment orchestrées de déstabilisation économique dans le but de provoquer des troubles sociaux menant aux conditions optimales pour un « regime change ». Rien de nouveau sous le soleil, le contexte géopolitique était différent mais c’est exactement le même modus operandi qu’au Chili au début des années 70 qui préparait le terrain au coup d’Etat de Pinochet, les médias faisaient leur gros titre « le socialisme c’est la pénurie » alors que Nixon donnait l’ordre à la CIA « Make the economy scream ! » 

Bref, si les baisses des prix du pétrole ont évidemment joué un rôle dans la dégradation de la situation au Venezuela (étant donné la dépendance de ce pays pour sa rente pétrolière, il faudrait être de mauvaise foi pour le nier) , elles n’expliquent pas les pénuries et les troubles sociaux qui s’en suivent. 


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