Joe Chip Joe Chip 14 juin 2017 15:00

@yoananda

Oui, idem, autant j’avais aimé ses abécédaires et Misère du Désir, autant "chutes" puis "Comprendre l’empire" m’avaient semblé intellectuellement indigents. Les textes courts des abécédaires correspondaient bien à son savoir étendu mais très parcellaire, lui permettant d’aborder de nombreux sujets sans avoir à entrer dans les détails.

Quand il a basculé en mode "antisioniste", cette tendance s’est rigidifiée. Je pense qu’il ne lit plus rien depuis des années et ne travaille pas sérieusement ses sujets (si tant est qu’il l’ait jamais fait). Il se contente de recycler son bagage intellectuel
des années 70/80 glané au fil de ses lectures et de plaquer sa grille de lecture à la fois schématique et intuitive sur tous les évènements, ce qui lui permet d’affirmer tout et son contraire en fonction des circonstances et de relier le tout au "sionisme". Au fond, ce qu’il propose, c’est du protocole des sages de sion réactualisé et reformulé pour s’adresser à différents publics qui ont pour point commun la haine du "système" et/ou du libéralisme (économique ou politique, plus souvent les deux) : cathos intégristes, royalistes ultra, nationalistes, islamo-gauchistes, anticolonialistes, décroissants newage, vieux cocos staliniens, et j’en passe... c’est le radeau de la Méduse des naufragés politiques et idéologiques.

En un mot, avec sa culture étalée comme de la confiture, son intelligence lapidaire, son talent marketing, son cynisme de gauche et son sens de la formule, Soral aurait pu faire un très bon publicitaire s’il avait été un peu moins instable et s’il n’avait pas nourri des ambitions "politiques". Tout chez lui renvoie à cet univers de la publicité des années 80/90. D’ailleurs beaucoup venaient à la base de ce milieu branchouille ou étaient des ex-Maos en phase de recyclage. Certains ont rejoint le journalistme, d’autres la pub. Soral, Nabe et quelques autres ont choisi la voie moins contraignante de la déchéance mondaine, préférant continuer à vivre à la marge du système de la critique du système en se faisant passer pour des "dissidents" auprès d’un public de jeunes gens frustrés et/ou idéalistes (ça va bien ensemble en général).

Il suffisait de leur proposer un "narratif" (comme disent les marketeux) dans un langage charismatique, binaire à souhait (gentils vs méchants), rassembleur et facile à décoder : et par ici "l’Empire" et les méchants "atlanto-sionistes" opprimant les "musulmans du quotidien" et autres "Français chrétiens sans peurs ni reproches". Tout le côté "roman picaresque" de la dissidence.

Le jour ou Soral fera de la politique, prévenez-moi.


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