N’importe quel dictateur déclarera spontanément, à moitié par bravade, à
moitié par conviction, que la nature profonde de son pouvoir est
démocratique. Tout système dictatorial prétendra avoir réalisé par la
"consultation" ou le plébiscite populaire les objectifs généraux de la
démocratie, qui n’est d’ailleurs pas incompatible avec certaines
pratiques autoritaires.
On a pris l’habitude de confondre la
démocratie libérale avec la démocratie, mais il s’agit en réalité d’une
invention du XIXème siècle, quand la bourgeoisie a définitivement tourné
le dos au régime monarchique. Les Lumières étaient généralement
favorables à des régimes de type république patricienne/aristocratique
(Etats-Unis) ou au despotisme éclairé (Europe). Les origines du
parlementarisme ne sont pas démocratiques.
Toutes les turpitudes de notre démocratie ne justifient pas les mensonges des autorités chinoises qui se livrent aujourd’hui à une vaste entreprise de révisionnisme historique consistant à dissimuler la nature autoritaire du régime derrière un vernis traditionnel. Le parti communiste, qui a diabolisé Confucius durant des décennies, qui a tout fait pour extirper le confucianisme et le bouddhisme de la population (car perçus comme des archaïsmes s’opposant à la course du "progrès", en particulier dans les campagnes) remet aujourd’hui en avant la figure de Confucius, dans le but clairement politique d’associer la dictature du parti communiste à un paternalisme traditionnel emprunt de sagesse millénaire. Cette réappropriation hypocrite se déclinant à l’extérieur sur le mode du soft power :
Une dictature communiste ? Mais non, vous ne nous comprenez pas, avec vos critères occidentaux très limités... c’est une démocratie à la chinoise, basé sur l’art subtil du consensus, notre modèle c’est Confucius, pas Staline !
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