C’est loin d’être une pratique nouvelle, depuis l’antiquité jusqu’aux temps modernes en passant par le haut et bas moyen-âge, la révolution de 1789 et celles du XIXe, l’agitation populaire a toujours été utilisé dans l’histoire par ceux qui veulent ou qui détiennent le pouvoir. Les guerres civiles sont très souvent le résultat d’une perte de contrôle de ce genre de manipulation. Par exemple au début du XVe, période que j’étudie un peu en ce moment, la guerre civile Armagnacs/Bourguignons revet un aspect très moderne. Les princes en appellent à l’opinion publique en n’étant indifférent à aucune catégorie sociale, ils adaptent leurs arguments selon l’auditoire qu’ils ont en face en maniant habilement la langue de bois, les promesses intenables, et la propagande qu’ils diffusent le plus largement possible. Jean sans Peur sera bien vite dépassé par la boîte de pandore qu’il a ouvert et les cabochiens n’hésiteront pas à assassiner des princes et leurs proches, des conseillers du roi, de la reine et autre prévôt des marchants, et de pendre leurs dépouilles démembrées au gibet de Montfaucon, pour les laisser pourrir et bouffer par les corbeaux. Période passionnante pour comprendre comment les choses peuvent rapidement dégénérer, devenir incontrôlable et nous emporter dans un bain de sang et de larmes, une tornade de violence inarrêtable . Cette guerre civile de quand même presque 30 ans, en pleine guerre de cent ans, explique aussi l’alliance des ducs de Bourgogne avec l’Angleterre.