Joe Chip Joe Chip 17 juillet 2016 14:36

@maQiavel

Une hypothèse fiable mais non démontrable ? euh...

Pour ma part, je ne fais pas d’hypothèses, je me contente d’interpréter une situation à partir d’éléments tangibles. On peut théoriser sans fin sur la nature de la politique et de la géopolitique, il y a en l’occurrence des éléments très lourds qui interdisent à mon sens de penser qu’Erdogan envisage un virage "à 180°" de la politique étrangère turque. Si tant est qu’il en ait les moyens.

Par ailleurs les Turcs (sunnites) haïssent les alouïtes de Syrie, alors je ne vois pas où vous voyez les signes d’un rapprochement possible entre Erdogan et Bachar, alors qu’un des buts de la Turquie a toujours été le renversement du régime syrien. 

Je ne veux pas non plus jouer sur les mots, mais un "virage à 180°" et un "rééquilibrage" ça ne veut plus du tout dire la même chose, donc choisissez le terme qui traduit le mieux votre pensée. Je pense pour ma part qu’Erdogan est très remonté contre Obama pour les raisons que j’ai indiquées et qu’il se livre à un serrage de vis pour rattraper une série de déconvenues et d’échecs objectifs sur le plan géopolitique. Fiasco du double-jeu avec Daesh. Retrait des Saoudiens de la crise syrienne laissant la Turquie seule face à l’Iran et la Russie. Lâchage d’Obama qui n’a pas voulu jouer la surenchère avec les Russes et qui a interdit à Erdogan de s’en prendre aux Kurdes (les seuls à lutter contre Daesh sur le terrain).

La Turquie était entrée dans la crise syrienne avec des atouts-maîtres et pouvait espérer gagner sur plusieurs tableaux : renverser Assad, écraser les Kurdes (grâce à Daesh), faire pression sur les pays européens grâce à la crise des réfugiés, se poser comme puissance régionale incontournable. Au final Erdogan se retrouve avec une crise politique interne et un coup d’Etat avorté. S’il y a un "rééquilibrage", je veux bien le concevoir, mais c’est avant tout la sanction d’un échec. 

Enfin, je ne vois pas ce qui vous permet de dire que la politique américaine est mauvaise du point de vue des intérêts américains. C’est comme ceux qui expliquent que la politique russe actuelle est mauvaise du point de vue des intérêts russes. 


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