sls0 sls0 19 février 2016 19:05

Après la lecture de ses édifiants commentaires, un petit rappel des biais congnitifs repérés.
Avant de commencer, il est important de faire la distinction entre biais cognitifs et logique fallacieuse/erronée/trompeuse. Une logique fallacieuse est une erreur dans une argumentation logique (par exemple une argumentation ad hominem, l’argument de la pente glissante, un argument circulaire, l’appel à l’ignorance, etc). Un biais cognitif, d’un autre coté, est une véritable défectuosité (ou limitation) dans la façon dont nous pensons : une faille dans notre jugement qui naît d’erreurs de mémorisation, de stéréotypes ou d’erreurs de calculs (comme des erreurs statistiques ou une mauvaise appréhension des probabilités). Je ne prend pas en compte le fallacieux mais seulement le défectueux.
Le biais de confirmation : Nous aimons être d’accord avec les gens qui sont d’accord avec nous. C’est pourquoi nous ne visitons que les sites web qui sont d’accord avec nos opinions politiques ou pourquoi nous sortons généralement en soirée avec des gens qui partagent nos goûts et nos visions du monde. On tend à moins aller vers les gens, groupes et sources d’informations qui nous font nous sentir mal à l’aise en malmenant nos points de vue – ce que le psychologue Festinger appelle la dissonance cognitive. Et c’est notre inclinaison à agir de la sorte qui mène au biais de confirmation : la façon – souvent inconsciente – que nous avons de ne nous souvenir que des perspectives qui nourrissent nos avis pré-existants et, dans le même temps, à ignorer (ou rabaisser) celles qui les menacent (peu importe qu’elles soient valides ou pas).
Le biais d’endogroupe  : En quelque sorte similaire au biais de confirmation, le biais d’endogroupe est une manifestation de notre tendance innée au tribalisme (l’endogroupe se définit en psychologie sociale comme le groupe auquel appartient l’individu ). Et, étrangement, une bonne partie de cet effet semble avoir à voir avec l’ocytocine – aussi appelée la « molécule de l’amour ». Ce neurotransmetteur, alors qu’il nous aide à forger des liens plus forts et plus étroits avec les personnes appartenant à nos endogroupes, produit un effet exactement opposé à l’encontre de ceux qui n’en font pas partie. Il nous rend suspicieux, craintif et même dédaigneux. Au final, le biais d’endogroupe nous fait surestimer les valeurs et capacités de nos proches, aux dépend des personnes que nous ne connaissons pas vraiment.
Le biais de sélection observationnel : C’est lorsqu’on se met soudain à remarquer des choses que l’on ne notait pas plus que ça avant – et nous supposons de manière erronée que c’est parce que la fréquence de cette chose a augmenté. Un des meilleurs exemples est ce qui arrive quand on achète une nouvelle voiture et que l’on se met inexplicablement à voir la même voiture absolument partout. Un effet similaire se produit avec les femmes enceintes qui remarquent tout à coup toutes les femmes enceintes qui les entourent. Et cela peut être un mot, un nombre ou une chanson. Ce n’est pas que ces choses apparaissent plus fréquemment, c’est que nous avons (pour une raison quelconque) sélectionné cet objet dans notre esprit et que nous y faisons plus attention. Le problème est que la plupart des gens ne reconnaissent pas cela comme un biais d’observation et se mettent à croire que ces choses arrivent vraiment plus souvent – ce qui peut être assez déconcertant. C’est également un biais cognitif qui contribue au sentiment que l’apparition de certains événements ne peut pas être une coïncidence (même si c’en est en fait une).
Le biais de projection : En tant qu’individus bloqués dans notre propre tête 24h/24 et 7 jours/7, il nous est souvent difficile de nous projeter en dehors des liens de notre propre conscience et de nos préférences. Nous avons tendance à supposer que la plupart des gens pensent comme nous — même si il n’y a pas de réelle justification pour ça. Ce raccourci cognitif mène souvent à un effet collatéral appelé le biais du faux consensus où l’on tend à croire que non seulement les gens pensent comme nous, mais sont en plus d’accord avec ce que nous pensons. C’est un biais qui nous fait surestimer notre typicité et notre normalité et supposer qu’un consensus existe sur des sujets où il n’y en a en fait peut-être pas. De plus, ce biais peut aussi créer des situations où un groupe de radicaux à la marge vont supposer que nombre de personnes à l’extérieur de ce groupe d’accord avec leurs positions est bien plus grand qu’il ne l’est en réalité, ou dans la confiance exagérée que l’on peut avoir lorsqu’on prédit le gagnant d’une élection ou d’un match de sport.


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