Joe Chip Joe Chip 5 septembre 2015 12:19

Au moins, les choses sont claires à présent, l’Allemagne domine l’Europe à tous les niveaux, y-compris sur le plan moral, et impose le poids de sa culpabilité historique à l’ensemble des populations européennes : nous sommes tous devenus, en l’espace de quelques mois, des euro-Allemands. Nos nouvelles valeurs sont un mélange d’austérité économique, de libéralisme un rien autoritaire (le modèle rhénan) et de néo-puritanisme humanitaire.

On ne trouve pas d’expression assez forte ce matin dans les médias français pour chanter les louanges d’Angela, cette dirigeante qui a osé - elle - mettre au pas les démagogues et les "populistes" alors que les politiques français la suivaient tardivement et lâchement. Ah, si nous étions des Allemands ! si nous étions des Américains ! Mais nous sommes, pour notre grand malheur, de méchants Français.

L’Eglise, visiblement pressée de perdre ses derniers clients, appelle chaque Français par la bouche de l’inévitable archevêque de Paris à venir personnellement en aide aux migrants. Quand le même défendait du bout des lèvres le mariage chrétien, les médias le traitaient d’odieux réac et de facho, mais c’est pas grave : il y a toujours des esprits cyniques qui savent tirer parti du masochisme chrétien.

La faute incombe désormais aux Européens, qui sont historiquement condamnés à démontrer leur ouverture et leur générosité, sous peine d’être aussitôt renvoyés à la nasse morale du nazisme et à la souillure de la seconde guerre mondiale.

Quant aux pays de l’Est, les voilà passés en quelques années du statut de martyrs de la démocratie à celui de salauds honteux prônant le "repli sur soi". La Hongrie, comme le rappelait un journaliste français, est une récidiviste. Attention.

Ces pays avaient été paradoxalement vaccinés contre ce puritanisme culpabilisateur par l’expérience du communisme et de ses valeurs simples, presque naïves, qui ne laissaient aucune prise à la mauvaise conscience des Allemands et des Français.

Polonais, Hongrois, Tchèques, Slovaque associaient essentiellement les Droits de l’Homme à la liberté individuelle, au consumérisme et au respect de la souveraineté nationale. De l’Europe et des USA, ils acceptaient et "accueillaient" les capitaux, les subventions, les entreprises, les investissements, les dérégulations favorables à leur économie et les emplois délocalisés. La libre-circulation des hommes dans l’autre sens leur avait visiblement échappé.

Depuis quelques années, ils essayaient de résister à la dimension métaphysique, morale et universelle du droit tel que les Occidentaux le définissent depuis la seconde guerre mondiale.

En 2003, ils connurent un triomphe en posant fièrement comme la "Nouvelle Europe" aux côtés de George Bush et en se payant le luxe, à peine intégrés dans l’Europe, de marginaliser le président français qui les avertissait pourtant d’un "chaos aux conséquences incontrôlables" au Moyen-Orient si les Européens devaient suivre les USA en Irak.

Oubliée la nouvelle Europe ! La voilà tancée sèchement par Merkel, ramenée par le petit bout de l’oreille à la culpabilité constitutive de l’UE. Les Hongrois et les Polonais ne sont plus les chantres de la liberté défendus par le Pape, mais des nationalistes bornés, petits et mesquins cherchant à préserver une souveraineté égoïste et rabougrie. En plus, ce sont de "mauvais chrétiens" nous dit-on.

Et cette fois, ils ne pourront même pas compter sur le sauveur américain pour humilier l’arrogante France et remettre Merkel à sa place. Au contraire, les principaux médias américains (huffington, slate...) commencent à leur taper dessus en mettant en balance la garantie de leur sécurité (contre l’ogre Russe) et leur accueil des migrants : à leur tour de s’imprégner de honte, de repentance et de mauvaise conscience en baissant humblement la tête et en s’auto-flagellant..... comme des bons chrétiens.


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