Pierre Régnier 7 septembre 2015 21:11

 

à Soi même


""La spiritualité matérialiste (ou spiritualité et criminalité) (suite)

 

Ne nous y trompons pas, l’Inquisition comme la guerre sainte sont bien des produits spirituels : les pires aboutissements, en fait, de cette aberration - on pourrait dire cet oxymore - communément acceptée comme une normalité, voire même un produit de sagesse : le pouvoir spirituel institutionnalisé. Censé s’opposer au pouvoir politique temporel et matériel, ce pouvoir prétendument spirituel est en réalité une autre forme, illégitime, de ces pouvoirs. Du bénéfique pouvoir intérieur de l’individu sur lui-même, fruit bien réel de sa spiritualité, de l’éventuel charisme qui étend, dans la liberté spirituelle, cette bénéfique influence hors de soi, on a glissé vers le pouvoir institutionnellement exercé sur les autres individus, et vers le pouvoir de groupes sur d’autres groupes. A partir de cette spiritualité dévoyée, Dieu est invoqué pour justifier, servir, imposer des intérêts de nations, de classes, de races, etc...

 

J’ai déjà dit ailleurs combien j’avais été choqué et indigné en prenant conscience de l’énorme mensonge que constituait, en réalité, la belle histoire apprise au catéchisme de mon enfance catholique : le "don", par Dieu, de la terre "promise à son peuple élu" se révélait être, dans l’Ancien Testament que je lus plus tard, un épouvantable massacre "voulu par Dieu" de tous ceux qui, jusque là, habitaient cette terre. Depuis cette découverte je n’ai pas cessé de constater combien toutes les religions sont imprégnées ce cette prétendue violence de Dieu, combien elles s’en accomodent, combien elles trichent, ensemble et séparément, pour ne pas affronter le vrai drame qu’elles ont créé dans l’âme de leurs fidèles respectifs. On ne peut plus croire aujourd’hui que la tricherie n’est pas consciente. Par exemple quand Jean-Paul II affirme qu’on ne peut pas tuer en se réclamant de Dieu, il sait parfaitement qu’il ne dit pas la vérité puisqu’il continue très clairement par ailleurs, même si c’est indirectement, d’enseigner le contraire. Au mieux, parce que l’actualité, selon lui, l’exige, il ne fait que présenter l’un des deux volets relatifs à la violence "de Dieu" dans sa religion, celui qui la nie, pour faire oublier celui qui, depuis toujours et jusqu’à maintenant, l’affirme et la justifie. Et lorsqu’il invite à Assise les représentants des autres religions à partager son mensonge dans de belles envolées très médiatisées, ces représentants sont ravis et reconnaissants au pape de leur éviter les difficiles mais indispensables révisions théologiques, chacun sachant bien que sa propre religion comporte elle aussi les deux volets contradictoires. Ce sont pourtant les radicales révisions que, en réalité, exige l’actualité. Comme l’exige la simple honnêteté spirituelle. ""



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