Éric Guéguen Éric Guéguen 12 février 2015 15:46

J’ai retrouvé notre précédent débat :
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/jacques-ranciere-la-democratie-42893
Et le fameux hiatus sur le mot "axiome". Je me disais aussi...
 
Sur le "mot de passe", c’est un pur hasard : "Concombre masqué", ça tombe sous le sens lorsqu’on connaît la BD.
 
Vous voulez m’entendre parler de Deleuze ? Mais c’est ce que je fais depuis le début !!! Je vous ai dit que ma prof en était fan, ce n’est donc pas d’elle que je tiens les reproches que je lui adresse !! Dans 1000 Plateaux, toute la rhétorique déployée consiste à nous dire que ce que nous pensons pouvoir identifier est à jamais évanescent. Ainsi la dichotomie entre nature et culture devient-elle totalement vaine, l’idée de sexe se trouve-t-elle en filigrane supplantée par le genre (idée qui va faire du chemin outre-Atlantique), nous n’avons pas à entretenir des racines que d’autres ont seulement inventé pour nous maintenir à une place fixe et définitive, et il ne faut tolérer aucune transcendance qui ne peut être qu’un mythe asservissant. En fait à un moment j’ai cru à une blague tellement Deleuze est au rebours de tout ce que je pense. C’est ma parfaite antinomie. Paradoxalement, je crois que c’est la raison pour laquelle la prof a cru qu’il me passionnait... Tenez, en ce moment, je bosse sur la réhabilitation de l’idée de finalité que l’on a trop longtemps amalgamé à cette de divinité. Or que dit Deleuze sur ce point ? TÉLÉOlogie = THÉOlogie. Merci Gillou...

 

Sur la nation : actuellement, on ressort des cartons les mythes amazoniens de villages pré-démocratiques, où la vie en communauté serait parfaite, en osmose avec la nature, sans notion de propriété privée, etc. Un peu comme dans Avatar. Seulement dans ces groupes humains (comme dans Avatar d’ailleurs), la hiérarchie est fortement présente, au travers notamment de différents cultes, de magies, le chef se charge du partage de la nourriture, et la vie communautaire se limite à quelques centaines d’individus, tout au plus, qui plus est homogènes ethniquement. Rien à voir donc avec le monde rêvé des Deleuze, des Rancière et autres Badiou ou Negri !!

Vouloir la fraternité villageoise de ces contrées figées dans le temps et l’œcuménisme hédoniste de la société contemporaine, c’est vouloir le beurre ET l’argent du beurre. D’où l’intercession, que vous le vouliez ou non, de la nation, cette entité communautaire ayant fait ses preuves, apte à déplacer les éléments fédérateurs et à réunir des gens de diverses origines, de diverses obédiences, de diverses cultures. On ne fait pas vivre ensemble la pluralité des peuples par l’opération du saint esprit. Par ailleurs, si le marché a tant de succès, c’est aussi parce que les gens ont désappris à se sentir redevables ; or l’on ne peut se sentir communément redevables que de quelque chose qui nous submerge tous, nous précède et nous fait vivre...

Je vous l’ai déjà plus ou moins dit, les pires ennemis de l’idée de frontière sont les marchands cosmopolites, mais ceux-ci sont tels car ils ont à leur service des armées d’idiots utiles.


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