Piloun Piloun 17 janvier 2015 17:58

Le devoir qui incombe à l’Etat d’assurer au peuple quelque chose qui soit réellement une patrie ne saurait être une condition pour l’obligation militaire qui incombe à la population en cas de péril national. Car si l’état à sa charge, si la patrie dépérit, néanmoins, tant que l’indépendance subsiste, il y a espoir de résurrection ; si on regarde de près, on constate dans le passé de tous les pays, à des dates parfois rapprochées, des abaissements et des relèvements très surprenants. L’espérance seule, quand même il n’y aurait rien, vaut la peine qu’on meure pour la préserver.

Ainsi, bien que la patrie soit un fait et comme telle soumise à des conditions extérieures, à des hasards, l’obligation de la secourir en cas de danger mortel n’en est pas moins inconditionnée. Mais il est évident qu’en fait la population sera d’autant plus ardente que la réalité de la patrie lui aura été rendu sensible.

Simone Weil


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