maQiavel maQiavel 23 décembre 2014 18:18

Pour le reste, je suis tout à fait d’ accord avec sa description de la globalisation. Il y’ a dans l’idéologie progressiste cette conception selon laquelle le territoire est quelque chose qui doit être dépassé. Le territoire symbolise les heures les plus sombres de l’histoire humaine, c’est le lieu de la guerre, des hiérarchies illégitimes fondatrice des oppressions, des violences, de la domestication de l’homme (et ma perception anarchiste me fait penser que c’est vrai, depuis au moins la révolution néolithique).

Il faut donc pour les progressistes, déterritorialiser le monde pour créer un monde de paix, d’amour, de partage, d’égalité. Le territoire étant perçu comme solide et le réseau comme fluide, pour déterritorialiser, il faut liquéfier. Et l’outil de liquéfaction optimum, c’est la marchandise. Il faut donc mobiliser les ressources matérielles, sociales et humaines dans le processus d’ intensification des échanges , perçu comme un progrès devant amener à la fameuse fin de l’histoire, la parousie progressiste, le paradis sur terre (conception messianique sans doute inspiré d’ une certaine communauté , il suffit d’ écouter Jacques Attali).

En vérité , ce processus de fluidification du monde n’ abolit pas le pouvoir, les hiérarchies illégitimes oppressives et la violence , il les déplace des communautés territoriales aux communautés réticulaires , il y’ a simplement un transfert de souveraineté : ceux qui détiennent le pouvoir ne sont plus ceux qui détiennent la souveraineté des territoires , ce sont ceux qui sont chargé de la circulation et organisent la distribution des capitaux , des marchandises et des personnes entre les territoires.

Ozon a tout à fait raison mais il est incomplet (est ce parce que c’est un capitaliste industriel ?), il ne décrit là que la validation idéologique d’une dynamique bien plus profonde : celle de la modernité capitaliste.

Ce processus de liquéfaction prend ses origines dans la stratégie océanique de l’Empire thalassocratique Britannique au XVI –XVII ème siècle. Laurent Henninger l’explique dans cette conférence à partir de 57 : 30 , le paradigme nautique / maritime / naval est central dans la naissance de la modernité capitaliste, il est à l’origine de qu’Ozon nomme fluidification. Il ne fait remonte pas à la fin de la seconde guerre mondiale, ca remonte à bien plus loin.

Les Anglais ont compris avant les autres puissances impérialistes que le processus de fluidification du monde, que contrôler les territoires était secondaire, dans un monde liquide, ce sont les réseaux qui ont une importance déterminante. Ils ont bien saisi l’époque le passage de la puissance territoriale à la puissance réticulaire.

Le réseau est fondamentalement stratégique, processus de domination, il recouvre l’ancienne terre et ses territoires, pendant qu’il produit à l’infini ses connexions de puissance, à des fins de rendement sans limite à son extension (cfr Booba, qui a très bien saisi cela intuitivement sans doute de par sa praxis commençante apatride « C’est un métier (le trading) ou il y’ a pas vraiment de limite, c’est ça qui est intéressant  »).

Cette approche va entrainer de profondes mutations anthropologiques, sociales et stratégiques des existences individuelles et collectives, et conduira à ce que nous connaissons aujourd’hui.

Et on peut aussi trouver une communauté qui a joué un rôle stratégique dans ce processus de fluidification (pas parce qu’elle est composée de grands comploteurs mais pour des raisons sociologiques) :

http://www.decitre.fr/livres/les-juifs-et-la-vie-economique-9782816201659.html

http://www.livredepoche.com/les-juifs-le-monde-et-largent-jacques-attali-9782253155805


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