Éric Guéguen Éric Guéguen 11 décembre 2014 11:17

Je m’y colle.
 
J’ai donc beaucoup apprécié cette vidéo en ce qui me concerne, et je regrette que ce genre de choses ne puisse pas passer à la télé à une heure de grande écoute... (ce qui serait plus confortable que les liens web sous le manteau). Mais bon, nous savons tous ici pourquoi ce ne sera jamais le cas.
 
C’est un vrai travail pour le bien commun que Gabriel Rabhi signe ici, indéniablement, même si j’ai relevé certains biais partisans. Et c’est là-dessus que je voudrais revenir.
 

Il me semble, Gaspard, que l’on pourrait schématiser le problème de la monnaie sous forme de deux vases communicants : d’un côté la CONFIANCE, de l’autre l’INTÉRÊT (voire le besoin). Or, la confiance, qu’on le veuille ou non, est beaucoup plus à son aise dans des communautés restreintes, soit celles où tout le monde se connaît et se fréquente au quotidien. Je ne dis pas que la confiance y est certaine, mais en tout cas y est-elle plus envisageable. L’intérêt, lui, est commun, évident, quelle que soit la taille de la communauté en question.

Par ailleurs, on aimerait nous faire croire que l’Histoire n’est qu’un long processus de socialisation universelle pacifiée, ce qui signifierait une lente progression vers la société œcuménique des individus déliés mus de manière harmonieuse par leur intérêt bien compris. Ce qui est une farce.

 

Ceci m’amène à quelque chose que la vidéo passe sous silence. Je pense que Gabriel Rabhi s’est inspiré du best seller de David Graeber (Dette : 5000 ans d’histoire, plébiscité par Chouard) pour dauber sur l’idée du troc. Je dois avouer que je n’ai pas (encore) lu ce livre, mais je connais bien au moins l’une de ses références (Karl Polanyi) et les intentions de Graeber. Celui-ci, anar revendiqué, veut faire comprendre que la dette économique est quelque chose de propre à l’espèce, de toute éternité, ce afin de se servir de travaux anthropologiques contre les actuelles politiques d’austérité. Mais Polanyi, lui, s’il fait un sort à la fable du troc instituée par Adam smith, ne dit pas que le troc... n’a jamais existé !! Bien sûr que le troc a existé, ce n’est pas Adam Smith qui l’a inventé ! Seulement pour lui restituer sa VRAIE place dans l’Antiquité, il faut distinguer commerce local (i.e. communautaire) et commerce extérieur (au long cours). Le principe de dette et de monnaie est parfaitement opérationnel dans les communautés réduites dont je faisais état plus haut. En revanche, entre civilisations ne partageant rien d’autre que le besoin de commercer, donc l’intérêt marchand, le troc a eu sa part et se justifiait. Mais bien entendu, l’admettre, c’est admettre qu’il doit y avoir une limite à la taille des communautés politiques humaines, limite au-delà de laquelle plus rien n’est tenable, la politique se meurt et l’économie se débride dangereusement. Ce que nous vivons actuellement...

 

[suite à venir].


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