ffi 12 septembre 2014 20:51

Maquavel :
Et encore une fois : le contexte concurrentiel fait qu’augmenter sa puissance est vu comme un acte belliciste par les concurrents qui se retrouvent contraint à augmenter la leur en retour.
 
Il n’y a que l’impérialiste qui prend une augmentation des moyens de défense d’un État pour une politique belliciste : il sait que cela peut faire obstacle à sa volonté de suprématie.
 
S’il se méprend ainsi, c’est d’ailleurs plutôt par feinte et par propagande : pour tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage... Combien de fois les États-Unis ont-ils menti au sujet de certains chefs d’État, les accusant d’intentions bellicistes à tort ? Je me souviens encore de la fois où la traduction de Chavez recevant Amadinejad fut volontairement frelatée, lui faisant faussement dire qu’il allait balancer des fusées sur Washington... Il en fut d’ailleurs de même avec Amadinejad, lorsqu’une traduction "malencontreusement" erronée fit croire qu’il avait l’intention de balancer un missile nucléaire sur Jérusalem...
 
Je te croyais plus attentifs aux astuces de la propagande américaine.
 
Le simple fait de mettre en place des moyens de défense est à dessin faussement proclamé comme une volonté belliciste par l’Empire US, du fait de sa tendance impérialiste.
 
Mais un pays non impérialiste réagirait différemment, puisqu’il ne cherche pas à mettre sous dépendance le pays qui cherche à se défendre. Un pays non-impérialiste ferait jouer sa diplomatie.
 
C’est précisément à cause de cela que je pense depuis longtemps que la réalité politique, ce n’est pas pour toi, tu parles d’un monde qui n’existe pas dans lequel la volonté des acteurs est centrale et dans lequel les contraintes sont minimes ou négligeables, et c’est pour moi toute la limite de ta perception de la réalité …
 
Je n’ai jamais affirmé que les contraintes sont minimes ou négligeables.
C’est ton modèle matérialiste qui ignore complètement la volonté des acteurs.
 
Comme je te l’ai déjà dit, mon modèle distingue deux causes :
L’une liée aux contraintes matérielles (nécessité).
L’autre liée aux finalités des acteurs (contingence).
 
Affirmer que les contraintes matérielles sont une nécessité revient-il à dire que leur influence est minime et négligeable ? Au contraire.

Dans une analyse politique, il faut savoir penser ces deux causes.
 
L’analyse des contraintes matérielles est généralement assez facile, car les objets qu’on manie sont plutôt simples.
 
Mais l’analyse des finalités des acteurs l’est beaucoup moins et en cette matière une bonne connaissance des méandres de l’âme humaine est indispensable.
 
Or, tes analyses politiques manquent la moitié des causes, puisque tu ramènes tout à la seule nécessité matérielle.
 
C’est là qu’est la grande erreur du matérialisme, comme je te l’ai déjà dit.
Le matérialisme est borgne. On ne peut pas modéliser l’humain en société comme un objet en physique, puisque l’homme a des intentions.
 
Mais tu me diras comme d’habitude : "les intentions des hommes obéissent à des nécessités matérielles".

Sauf que toute la sociologie montre le contraire : puisqu’elle recourt systématiquement aux statistiques, cela montre qu’il est impossible de déterminer à priori la volonté des acteurs. Avec l’homme, nous en sommes réduit à traiter des corrélations et des probabilités : c’est la preuve que la modélisation des sociétés d’hommes ne peut se réduire strictement aux modèles issus de la nécessité, comme en physique, qui seraient déterministes. Il faut y ajouter une analyse des contingences. La matérialisme politique correspond à une époque d’idéologie scientiste, le XIXème siècle, et tu n’en es pas encore sorti !


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