Frida Frida 2 juin 2014 11:09



Machiavel n’a pas éliminé la morale de sa pensée, elle est foncièrement présente dans ses écrits et notamment le Prince.

En effet, l’élimination de la morale de l’action politique ne peut se faire qu’a postériori, lors d’une analyse et d’une critique sur une action achevée dans le temps et quand l’action politique est positive et dégage un succès notable ou pour expliquer pour le moins un échec. C’est à dire que l’analyse se fait par un sujet extérieur et neutre...

Le prince est conscient de son action, et il peut la juger morale ou non, mais ce n’est pas la moralité ou non de l’action qui le détermine, mais son utilité...

Focaliser sur l’utilité d’une action, ne veut pas dire que l’action est devenue amorale.


Quand l’action politique est en déroulement, personne ne peut présager de sa réussite ou de son utilité, (d’autres paramètres entrent en jeu, comme la fortune entre autres, selon Machiavel), mais le jugement moral est par contre tout à fait possible et même indispensable de la part et de ceux contre qui s’exerce cette action politique, qui ne manqueront pas de la décrire comme un mal, et de la part de ceux en faveur desquels elle s’exerce qui ne manqueront pas de la louer....

la morale est au centre de toute action humaine, et a fortiori d’une action politique.

Sinon, n’importe qui peut justifier des meurtres, des trahisons, des guerres juste pas l’absence de morale et par la nécessité de s’en détacher (c’est Nietzsche qui fait la généalogie du bien et du mal et refuse de souscrire à la hiérarchie moralisante ou la moraline des faibles vis à vis des forts ou plus exactement du surhomme.)

Chez Mahciavel, la fin justifie les moyens, mais à condition que la fin soit réussie, soit un succès... si c’est pour déclencher une guerre civile, le chaos, tuer et se faire tuer, il est indéniable que dans ce cas, il y a fort à parier que le jugement n’est pas seulement moral, mais aussi d’opportunité, de perspicacité, de finesse, d’intelligence etc....

on peut se détacher de la morale pour juger une action politique, mais à condition que celle-ci soit achevée, ayant donné un résultat évaluable et quantifiable.... et c’est ce que fait Machiavel vis à vis de l’action politique mais de manière purement théorique, en posant des principes utilitaires en vue d’un objectif qui est la prise du pouvoir et sa conservation.

Il est donc à mon sens impossible d’évaluer une action politique en cours, surtout les actions d’individus dont nous n’avons aucune information pratique et particulièrement concernant leur stratégie, leurs intentions politiques etc...on peut relire les guerres puniques ou les guerres des Péloponnèse, juger l’action politique de certaines figures historiques, parce qu’il y a une distance non seulement historique mais aussi empathique, et il n’y a plus d’impact direct de l’ordre du symbolique et du signifié, par contre, des conflits actuels sont porteurs de charge symbolique et signifient des messages culturelles et religieuses d’une grande importance dans l’imaginaire des populations, ce sont là des faits et des phénomènes dont Machiavel a souligné l’importance dans l’action d’un prince, Il ne faut pas susciter les haines par exemple, et surtout il faut accorder aux gens la possibilité d’oublier.... et ce sont là des aspects de nature hautement morale....

voici un lien qui donne des explications sur les notions de la fortune et la vertù

http://www.philolog.fr/les-notions-de-fortune-et-de-virtu-chez-machiavel-2/


par ailleurs, le prince qui a écrit l’antimachiavel a annexé la Silésie, et ce n’est pas avec peace and love...



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