Éric Guéguen Éric Guéguen 20 février 2014 14:32

"Le problème pourrait ne pas résider en les gens mais bien dans les structures institutionnelles."
 
Je serais tout à fait d’accord pour dire que le problème pourrait provenir conjointement d’une absence de prise en compte de la diversité des caractères ET de structures politiques contre-productives en l’état actuel des choses.
 
Sur la confusion que vous me prêtez entre égalité et valeur :
 
Je ne peux qu’être en désaccord avec vous sur ce point. Sur un sujet donné, lorsque deux personnes sont en désaccord total, il se peut fort bien en effet qu’ils aient tous les deux tort. Mais il se peut également que l’un d’entre eux ait raison. En revanche,, il est formellement impossible que toutes les deux aient raison.

 

Lorsque, par un biais typiquement moderne, nous décrétons qu’il n’existe que des opinions, nous faisons droit à une égalité totalement formelle. C’est selon moi rigoureusement faux et cela n’intervient que pour la paix des ménages en quelque sorte, dans le seul souci - important il est vrai - de ne léser et de ne discriminer personne.

 

L’érudit, par définition, dispose d’un savoir. Le savoir n’est pas une simple opinion. Il est certes tout à fait possible que cet érudit soit un handicapé de la vie, au sens où il serait incapable de faire de ce savoir quelque chose de "vivant", d’opérationnel, et c’est en cela d’ailleurs que je me méfie de ce que j’identifie alors comme des technocrates. Mais il n’en est pas moins vrai qu’une personne dépourvue d’un tel savoir et se prononçant sur le même sujet se rendra esclave du domaine de l’opinion, alors même - il est vrai - qu’elle serait peut-être plus dégourdie pour mettre en pratique un tel savoir.

 

Donc la démocratie que je dénonce, c’est aussi bien le régime représentatif actuel que la démocratie relativiste fondée en nombre, par addition de bulletins de votes indifférenciés. Et d’ailleurs, si le premier est aujourd’hui si impuissant et incapable, c’est, je pense, entre autres parce qu’il se nourrit de la seconde.

Dans le demos, je n’entends pas que "tout le monde dispose des mêmes capacités", mais que "toutes capacités peuvent émerger de n’importe où".

 

Avez-vous vu le film Ratatouille (c’est un exemple que j’aime bien prendre, et c’est un très joli film d’animation) ? Eh bien c’est la morale du film. Il ne s’agit pas de dire que tout le monde peut devenir un grand cuisinier, mais qu’un grand cuisinier peut peut émerger de n’importe où... même des égouts de Paris sous la forme d’un rat. La démocratie ordinale (fondée en raison et non en nombre), c’est ça : c’est le régime qui va chercher le talent là où il se trouve, sans aucun a priori.

 

Bien à vous,

EG


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