Rounga Rounga 12 février 2014 13:07

C’est toujours un plaisir de lire Nietzsche, il y a quelque chose qui soulève, on ressent vraiment l’aspiration au surhomme. Si je me retrouve tout à fait dans ce "oui à la vie", je ne vois en revanche pas pourquoi il s’opposerait au christianisme. Il me semble plutôt que Dieu, en s’incarnant, ait justement décidé de vivre une vie d’homme jusqu’au bout, jusqu’au Golgotha, et que c’est à cela que le chrétien est invité. Je m’explique cette virulence de Nietzsche à l’égard du christianisme par le fait qu’il vivait certainement à une période de décadence de cette religion qui était devenue trop rigide, morale, dogmatique, qui n’était plus vivifiée par l’esprit. Il n’aurait pas eu le même discours à l’époque des cathédrales, qui était beaucoup plus inspirée.
Voici un commentaire de Natsume Sôseki (très célèbre écrivain japonais) qui donne un point de vue original :
"Plus on accorde de liberté à la personnalité de l’homme, plus les relations humaines deviennent difficiles. Nietzsche a produit son surhomme essentiellement parce qu’il souffrait de ces restrictions qui l’ont amené à changer ainsi sa philosophie. A première vue, on pourrait penser que c’est son idéal, mais ce n’en est pas un en réalité. C’est une plainte. Paralysé dans ce XIXème siècle du développement de la personnalité où il ne pouvait pas se mouvoir sans crainte de déranger ses voisins, il a commencé à désespérer et il en est venu à griffonner ses débordements. Quand on le lit, on le trouve plus pitoyable que passionnant. Sa voix n’est pas celle d’un esprit fougueux et intrépide mais bien plutôt d’un homme plein de rancœur et d’indignation. Rien d’étonnant à cela, car jadis un grand homme pouvait rassembler le monde entier sous sa bannière. C’était une satisfaction, et si elle pouvait s’obtenir dans la réalité, il n’y avait nul besoin de l’exprimer dans des livres par la force de la plume et du papier comme l’a fait Nietzsche.(...) Nous avons voulu la liberté et nous l’avons, mais le résultat est que nous nous sentons contraints. Je dis alors que la civilisation occidentale peut paraître assez bonne, mais en réalité elle mène à un échec. Par contre, l’Orient s’est toujours appliqué à la discipline de l’esprit et c’est lui qui a raison. Voyez donc : tout le monde devient neurasthénique par suite du développement de la personnalité et quand la situation est sans issue, on comprend seulement alors la maxime : "Le peuple du souverain vit dans l’absence de contraintes""
(Je suis un chat, Natsume Sôseki)


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