Éric Guéguen Éric Guéguen 29 janvier 2014 23:57

Bonsoir à vous, et merci pour vos commentaires.
 
Pour vous répondre, je dirais que des gens comme Mauss, Polanyi, Caillé - forcément de gôôôôche, comme la plupart des intellectuels - se démarquent tout de même de leurs coreligionnaires en ce sens qu’ils ont tenté de mettre de côté le présupposé que partagent ET les marxistes, ET les libéraux, celui d’un substrat humain intrinsèquement économique et de superstructures culturelles comme autant de suppléments d’âme secondaires (art, philosophie, politique, religion, etc.).

 

Ensuite, le fait qu’ils demeurent attachés au concept de société me fait dire qu’ils ne vont pas au bout de leur remise en question anthropologique : lorsque Mauss ou Polanyi semblent déplorer les rapports autres que marchands, encore en vigueur ailleurs et définitivement perdus - semble-t-il - dans les pays occidentaux, ils ne focalisent que sur l’aspect commercial. Pour ma part, j’ai tendance à croire que le désenchâssement de l’économie, sa mise en liberté vis-à-vis de la politique s’est accompagnée de la libération de l’individu vis-à-vis de sa communauté d’appartenance. Et cet individualisme, typiquement occidental et pain béni pour le futur commerce-roi, il nous faut bien en admettre ET les bons côtés, ET les mauvais. Eh bien lorsque Alain Caillé et le MAUSS attaquent de front le tout-économique, je ne suis pas certain qu’ils sont prêts à payer le prix de sa remise au pas, qui devrait inévitablement s’accompagner d’une temporisation de l’individualisme, donc de la société d’ayants droit.

 

Enfin, je ne pense pas que l’on puisse résoudre le problème économique par davantage d’économie encore, ou de l’économie autrement. Je pense, à l’instar de Polanyi, que l’économie doit être réenchâssée dans la politique, science architectonique. Ceci implique parallèlement de réenraciner l’individu dans sa communauté d’appartenance.


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