O Scugnizzo O Scugnizzo 20 septembre 2013 12:38

Gerfaut, à part que parfaire sa culture historique grâce au Figaro se passe de commentaire, on ne comprend pas bien le but de ton commentaire sauf à servir de propagande néolibérale voulant sauvegarder un système de surendettement à la faillite totale, ce qui peut se comprendre uniquement par une volonté de protéger ses intérêts particuliers bien réels (et non pas au nom d’une quelconque justice, équilibre des pouvoirs ou je ne sais quelle notion abstraire). La privatisation n’empêche nullement le recours à la planche à billet (FED CQFD), il semble alors que c’est plutôt l’état de l’économie qui le permet. Utiliser cet argument dans une propagande libérale est au mieux malhonnête.


Ensuite parler de ruine, de banqueroute sans faire de distinction sociologique est pure hérésie. Le "on" n’indique personne, il sert simplement à éviter la précision qui résulterait embarrassante. Il est vrai que toute banqueroute a des conséquences sociales à très court-terme sur l’ensemble du corps social. Celles-ci sont à la hauteur de l’attente de la déclaration de banqueroute de la part d’un système économique surendetté voué à l’échec. En revanche, les conséquences à plus ou moins court-moyen-long terme ne sont pas les mêmes pour tout le corps social. Les exploités, les laisser-pour-comptes, les "exclus" comme les appellent les libéraux (ce qui est totalement faux car les "exploités" sont totalement inclus dans le système capitaliste libéral), n’ont de toute façon rien à perdre. Ce sont tous les immenses propriétaires, les grands capitalistes, qui vivent de manière plus faste que les rois, eux, ont tout à perdre, ce sont les Mazarin modernes.

Philippe Lebel avait recours aux emprunts forcés avec taux d’intérêts fixés par l’Etat, en faisant de l’Etat et non des banques une institution "too big to fail" ce qui avait permis à François II de repartir sans payer les dettes insolvables.

Sully en 1598 avait organisé un audit public pour chasser les "usuriers, tyrans et rongeurs du peuple", et annuler toute dette illégitime (surtout les dettes intérieures). Ce désendettement a permis l’inauguration de grands chantiers : construction de routes, d’hôpitaux etc. Une banqueroute, quelques grands banquiers chassés pour un bien commun plus grand.

Colbert en 1661 déclare la banqueroute par voie judiciaire en annulant les dettes illégitimes. Il rachète toutes les rentes à bas prix. On considère en général que le pays n’a pas été attaqué car suite à cette banqueroute partielle (continuée par Louis XIV) car la France réapparaissant en une santé étonnante alors que tous la pensaient épuisée.

L’étonnante prospérité des campagnes françaises dans la première moitié du XVIIIème siècle a comme origine le rééquilibre des fortunes dans le pays - les pauvres sortant de l’endettement - suite au nettoyage des comptes par le Duc d’Orléans de 1720 à 1722, année où tous les billets créés par le système pour remplacer la monnaie de métal sont brûlées en public.

Inutile de dire qu’en 1789 les comptes de la France étaient tous dans le rouge, que Louis XV puis Louis XVI n’ont pas osé déclarer dans une forme ou une autre banqueroute par peur de perdre le soutien de familles puissantes (d’où par ailleurs l’impossibilité de règne de type "absolu" en sociologie digne de ce nom).

Je pourrai également parler de De Gaulle mais on sort un peu du sujet.

Bref. Non, en analyse historique, les arguments libéraux ne tiennent pas.



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