Éric Guéguen Éric Guéguen 20 septembre 2013 10:00

Cher micnet, merci pour votre commentaire.
 
J’ai compris la même chose que vous. En définitive, ce qui sous-tend l’intervention des deux philosophes est de s’interroger sur les sources du droit : peut-on avoir confiance en la raison humaine pour mettre au jour des principes recteurs et différencier le "droit" du "biais" ? Ou bien doit-on irrémédiablement s’en remettre à la lettre de lois écrites ?
 
Vous avez raison de signaler l’égalitarisme en germe chez Rousseau. En fait, on a l’impression qu’il recouvre l’ancien droit naturel d’un vernis chrétien, tentant par là d’être le promoteur d’une nouvelle religion de l’humanité prenant appui sur la pitié universelle. Kant lui emboîte le pas, mais de manière différente...
Montaigne répond à la question du dessus en disant : "non, on ne peut trouver de l’absolu hors de lois écrites qui s’imposeraient" (nos fameux Droits de l’Homme ?). Rousseau dit : "si, on peut, mais sans pouvoir fonder cet absolu en raison, juste sur le sentiment". Intervient Kant : "effectivement, on le peut, mais contrairement à ce que dit Rousseau, la raison a son rôle a jouer." Seulement là où les Anciens faisaient intervenir la raison pour découvrir les principes recteurs de la nature, Kant au contraire y a recours de manière volontaire, comme source directe du droit. Il "dénature" (au sens propre) l’ancien droit et se fait, de facto, le véritable instigateur, non pas des Droits de l’Homme (qui ont précédé ses écrits les plus importants), mais de l’esprit de ces Droits de l’Homme (l’égalitarisme notamment).
 
Cela dit, Terence Marshall évoque à un moment la première mouture du Contrat social (disponible en Pléiade). Intéressant, à sa lecture, de voir combien Rousseau a radicalisé son propos dans le sens du "droit naturel" des Modernes en passant de l’un à l’autre.
 
Si j’ai l’occasion et s’il en a le temps, je demanderai à Terence Marshall d’intervenir directement, à voir.


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