Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 12:31

@ Caracole :
 
Voici la lecture que je ferais d’Aristote : celui-ci est réputé avoir théorisé un esclavage "par nature", offrant par ce moyen aux Grecs la suprématie sur des Barbares "naturellement" fondés à être dominés, donc esclaves. Or, Aristote examine l’humanité dans son entièreté, n’excluant que les individus hors des cités (soit bêtes soit dieux), ce qui ne condamne nullement les Barbares qui n’étaient pas tous nomades, loin s’en faut. En revanche, il opère une distinction entre les capacités naturelles des individus, sans égard pour leur tribu d’origine, leurs croyances ou autres. Il faut se rappeler à cet égard que lui, le principal théoricien politique d’Athènes, n’avait en tant que métèque aucun droit politique, contrairement à des citoyens qui étaient bien loin d’avoir son génie, ses connaissances et son souci du bien commun. En prime, Aristote disposait lui-même d’esclaves (qu’il a affranchis, semble-t-il, dans son testament) dont il ne pouvait nier l’intelligence et les capacités pour certains. Bref, il lui était manifeste que certains esclaves étaient bien plus capables que certains citoyens, donc que les distinctions à faire entre les capacités étaient bien plus subtiles qu’une dichotomie, sèche et réductrice, entre esclaves d’un côté et maîtres de l’autre. En conséquence de quoi, si je ne me trompe pas, c’est en puisant dans le droit naturel dont il est l’auteur que l’on peut le mieux (le plus logiquement en tout cas) invalider l’institution universelle de l’esclavage.
 
Je vous prête une appartenance à ce que la gauche a de plus inconséquent et à son amour invétéré pour l’égalité vis-à-vis de votre propension - sans être parano - à faire de moi l’une de vos têtes de turc favorites sur ce site. Il n’est pas rare, en effet, que vous réagissiez à ce que je dis, jamais pour être d’accord (je ne vous le reproche pas), mais en sous-entendant que mes propos peuvent généralement se résumer à ceux d’un aristo déclassé ou je ne sais quoi pour ce qui est de la théorie, à ceux d’un "faf" (terminologie en vogue par ici) lorsqu’il s’agit de commenter l’actualité "racailleuse". Si je me trompe, tant mieux...


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