Erca 31 octobre 2011 18:06

@mathias : J’ai vraiment dû mal m’exprimer pour que tu me prennes pour un religieux. Je dois dire que c’est la première fois que ça m’arrive, étant agnostique après avoir longtemps été athée (ce qui ne m’a pas empêché de conserver des positions anticléricales très fortes).


Puisque tu prends l’exemple de la loi de 2004 sur les symboles religieux à l’école, je vais rebondir dessus, ça permettra de clarifier les choses. Je suis complètement d’accord avec l’esprit de cette loi : l’école constitue l’un des rares services publics dont les "usagers" sont partie prenante, ce qui doit les conduire eux aussi à respecter le devoir de neutralité. Cela étant dit, je juge cette loi très maladroite et techniquement irrecevable, car à peu près tout peut être interprété comme un symbole religieux de substitution. On a d’ailleurs régulièrement droit à des faits divers absurdes, nous racontant que tel élève a été rappelé à l’ordre pour un vêtement trop ample ou que sais-je. Pour sortir de l’arbitraire (inévitable dans le cadre législatif actuel) et en arriver à quelque chose de techniquement irréprochable, je suggère donc un retour de l’uniforme à l’école.

En-dehors de ce cas particulier de service public, je réaffirme que les citoyens, même en tant qu’usagers, ne sont pas tenus de respecter le devoir de neutralité car encore une fois, la laïcité régit les relations entre l’Etat et les religions, et non pas celles entre les citoyens et les religions. A moins de dévoyer ce principe qui consiste avant tout à garantir la neutralité de l’Etat, on ne peut s’en servir pour interdire certains accessoires ou certains modes vestimentaires dans l’espace public, qui relèvent de la liberté de culte et d’expression.

La comparaison avec l’impossibilité technique d’arrêter tous les chauffards relève du sophisme. Car il est techniquement possible d’arrêter un chauffard grâce à des instruments permettant d’objectiver la vitesse prohibée, tandis qu’il est techniquement impossible de d’objectiver un symbole religieux, étant donné qu’un symbole est une relation de sens instituée entre un individu et un objet, dans laquelle l’Etat ne saurait s’introduire sans contrevenir à une liberté fondamentale comme la liberté d’expression. Si l’Etat objectivait la notion de symbole religieux, il sortirait même de sa neutralité car cela impliquerait qu’il prenne en compte les corpus religieux les définissant, alors qu’il est censé ignorer tout texte normatif relatif à une communauté particulière, et ne doit se fonder que sur la raison et l’intérêt général.

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