Comme je l’ai expliqué dans le message précédent, la meilleure façon de garantir l’égalité dans le domaine de la religion, c’est que l’Etat reste en-dehors de la question. Car vous ne pouvez pas satisfaire tout le monde équitablement, c’est impossible : il y a trop de religions en jeu, et comme elles regarderont toujours jalousement ce que donne l’Etat aux uns et aux autres, elles seront éternellement insatisfaites et trouveront toujours une raison de se plaindre. En plus d’éviter ce genre de piège, la laïcité garantit le meilleure cohésion possible car elle ne considère plus des citoyens chrétiens, des citoyens musulmans, des citoyens juifs, des citoyens pastafaristes, mais des citoyens tout court, et de là facilite les échanges au lieu de les éviter. On passe ainsi d’une société compartimentée à une société unie, où tous se mélangent bien plus facilement que dans une société où les religions sont prises en compte.

Les religions sont fondamentalement sources de division, bien davantage que de fraternité, dans leur définition même car elles régissent des modes de vie distincts, des visions du monde différentes, et rassemblent des individus selon leur propre organisation. La fraternité, elle est de mon côté, c’est-à-dire du côté de la République et de ses principes universalistes qui mettent tous les citoyens sur le même plan en mettant de côté leurs différences ethniques, religieuses, etc. ; elle n’est pas du côté du communautarisme.

Par ailleurs ce n’est pas parce que l’Etat se désengage des affaires religieuses qu’il empêche des manifestations de se produire. Je ne vois aucun mal à ce que des particuliers célèbrent la rupture du Ramadan tant qu’ils respectent l’ordre public et qu’ils restent dans le cadre d’une manifestation normale. Libre à ceux que ça intéresse de s’y rendre, mais c’est une affaire privée et qui doit le rester.

J’espère vous avoir montré que vous faites un contre-sens complet en accusant la laïcité de mettre à mal la fraternité et l’échange.